VOS MALADES ONT LU
PAR LE Dr DOMINIQUE BRILLAUD
« L'Express », 15 mars
L'une, officier de sapeurs-pompiers, tente de se suicider pour échapper aux brimades et aux humiliations. Un autre, soudeur, se blesse assez gravement le doigt pour ne plus pouvoir travailler, « la pression du contremaître, les cadences qui n'ont pas cessé d'augmenter depuis cinq ans, la tension physique et nerveuse, sans parler des horaires invivables » ayant fini par venir à bout de sa résistance. Une troisième, après avoir accroché un poulet sur une chaîne toutes les deux secondes, huit heures par jour pendant quinze ans, est incapable de travailler, de conduire, tant son épaule et son bras la font souffrir. Il faut un infarctus pour arrêter les voyages et les horaires fous d'un responsable des ventes et c'est sous un train que finit un commercial mis sur la touche pour cause de cinquantaine.
« L'Express » a encore quelques histoires tout aussi sinistres à sa disposition pour illustrer son sujet de couverture, soit « Les nouveaux risques du travail ». Les accidents du travail progressent malgré la sous-déclaration, les maladies professionnelles se multiplient malgré « le parcours du combattant » qui impose leur reconnaissance, et le stress, « mot fourre-tout pour un malaise qui peut prendre mille formes », débouche sur une palette variée de pathologies mentales et physiques. Les raisons en sont bien connues, liées aux nouvelles organisations du travail, et pas seulement à ce « harcèlement moral » dont plus personne ne doute depuis le premier livre de Marie-France Hirigoyen. Une loi devrait prochainement sanctionner ce mal, mais risque de ne résoudre qu'une partie du problème en le limitant aux relations entre harceleur et harcelé, explique en substance l'hebdomadaire.
Halte à la loi du silence
« Science et vie », mars
« Légionellose, l'épidémie que l'on nous cache »; « un nombre de cas très en deçà de la réalité » , « la loi du silence », « sources de contamination non révélées, contrôles peu rigoureux, absence de réglementation »... C'est sur le ton de la revendication que « Science et vie » évoque la légionellose, qui va aisément rejoindre la grande armée des « scandales » santé au bout d'un dossier pour le moins inquiétant. Douches, saunas, climatiseurs sont tous unis pour menacer chacun d'entre nous d'une maladie qui peut être mortelle si le traitement adéquat n'est pas appliqué à temps et dont les séquelles sont encore mal connues. Le mensuel dissèque en outre par le menu quelques cas hospitaliers, dont les plus récents à l'hôpital Georges-Pompidou, et ne trouve pas beaucoup de circonstances atténuantes aux équipes en cause. La légionelle n'est d'ailleurs pas le seul danger « tapi dans l'ombre de nos réseaux d'eau sanitaire », puisque staphylocoques, pseudomonas, mycobactéries y trouvent aussi parfois « les conditions idéales pour proliférer ». Le programme d'action individuelle et collective proposé comporte « dix règles d'or » de vidange, désinfection, rinçage, dont on a du mal à imaginer qu'elles peuvent être généralisées.
Bioéthopolitique
« Eurêka », mars 2001
C'est un dossier bien embarrassant que celui de la révision des lois de bioéthique, révision attendue depuis deux ans, révision dont l'aboutissement ne saurait être espéré, « au mieux, avant 2002 ». Révision que bouscule la récente décision anglaise « en faveur du clonage d'embryons à des fins thérapeutiques » et sur laquelle planent les prises de position opposées de Lionel Jospin et de Jacques Chirac concernant la recherche sur l'embryon. Le moins que l'on puisse dire est que la clarté ne règne ni sur la production et l'utilisation de cellules souches embryonnaires, ni sur la recherche sur les cellules souches adultes, peut-être bien capables de remplacer les premières, ni sur la production et l'utilisation d'ovocytes, ni sur la conservation des embryons.
Si les récentes réussites obtenues par greffes de cellules sur la maladie de Huntington, sur la maladie de Parkinson ou sur l'insuffisance cardiaque plaident en faveur de l'avenir de la médecine dite « régénératrice », les avis restent très partagés sur la bonne façon de procéder, scientifiquement comme éthiquement. Et l'embryon est loin d'avoir la même résonance d'un chercheur à l'autre, d'un homme politique à un théologien, d'un médecin à une mère par PMA. La juriste Dominique Thouvenin se méfie tout particulièrement du contexte actuel « de manipulation de la loi par les médecins, qui ont une vision instrumentale du droit, et tentent de le faire coller au plus près de leurs intérêts ». Mais elle veut aussi resituer le débat sur l'embryon parmi bien d'autres sujets de bioéthique, dont le don d'organes, la prise en charge des handicapés dans notre société ou les aléas thérapeutiques.
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