Un bilan satisfaisant, à un an, pour le premier greffé des deux mains

Publié le 21/01/2001
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E XCELLENT état général, aucune complication chirurgicale, cicatrisation satisfaisante, aucun problème lié au traitement immunosuppresseur, pas d'épisode infectieux, aucune anomalie dans le bilan biologique, rééducation certes constante et absorbante mais efficace : le bilan fonctionnel et médical, à un an, du premier patient greffé des deux mains, Denis Chatelier, se révèle positif.

Présent aux côtés du Pr Dubernard et de l'ensemble de l'équipe médicale, qui veille notamment sur sa rééducation, le patient lui-même témoigne publiquement devant les journalistes de l'amélioration constante de son état et de la récupération progressive des fonctions de ses deux mains.
Sur le plan fonctionnel, son autonomie, commente le Pr Dubernard, est «  au moins équivalente à ce qu'elle était lorsqu'il utilisait ses prothèses avant l'intervention ». Quant au patient, il apprécie particulièrement d'avoir retrouvé « une sensibilité et une esthétique normales ». La fonctionnalité des muscles extrinsèques est « satisfaisante », avec une force qui progresse, et seule la fonctionnalité des muscles intrinsèques limite la qualité de certaines prises. Au plan sensitif, ce bilan à un an témoigne d'une sensibilité de protection thermique et à la douleur.
Par ailleurs, Denis Chatelier tolère très bien son traitement immunosuppresseur, qui comprend corticoïdes, Cellcept et Prograft. Sur le plan psychique, le patient paraît étonnamment confiant, comme entré « dans une sorte de rythme de croisière, avec une anxiété minimale », notent les psychiatres lyonnais qui le suivent, les Drs Danièle Bachman et Gabriel Burloux. Le patient souhaite ardemment retrouver une activité professionnelle et se déclare prêt à franchir ce nouveau cap. Quant au plan du schéma corporel, ajoutent les psychiatres, le patient témoigne d'une « aisance retrouvée pour les gestes spontanés, nettement visible depuis quatre mois ».

L'évaluation se poursuit

Dans un récapitulatif des greffes de tissus composites effectuées à ce jour dans le monde, le Pr Dubernard relève que les quatre patients greffés d'une main (à Louisville, Milan, et Guangzhou), se portent bien, avec de bons résultats. Seul son premier patient opéré à Lyon en septembre 1998, Clint Hallam, qui serait aujourd'hui aux Etats-Unis, se dérobe à tout bilan puisqu'il est en quelque sorte en échappement thérapeutique et se refuse à renouer tout contact avec ses médecins. Outre Denis Chatelier, le second patient greffé des deux mains (par une équipe d'Innsbruck), se porte bien lui aussi.
A noter enfin des greffe du larynx, du corps thyroïde et des parathyroïdes aux Etats-Unis (Cleveland Clinic).
Ainsi que les six greffes de l'articulation du genou et les cinq greffes de la diaphyse fémorale (réussies à Musnau). Aux yeux du Pr Dubernard, le succès des greffes de tissus composites « ouvre une nouvelle étape de l'histoire des transplantations, dont les indications se développeront forcément en chirurgie esthétique et réparatrice ».
Le responsable de l'unité de transplantation du CHU lyonnais, qui avait obtenu l'an dernier du Comité d'éthique l'autorisation pour cinq nouvelles transplantations de mains, entend poursuivre ce type de greffes, tout en prolongeant les procédures d'évaluation. Il prévoit une nouvelle transplantation de mains « autour de la fin du printemps, ou au début de l'été prochain ».

Max SAINT-RUF

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6839