Un travail mené chez la souris

Un cocktail d’acides aminés allonge l’espérance de vie

Publié le 14/10/2010
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« Notre étude démontre pour la première fois qu’un mélange d’acides aminés peut allonger la survie chez les souris », souligne dans un communiqué le Dr Enzo Nicoli de l’université de Milan (Italie), qui l’a dirigée. Les résultats sont publiés dans la revue « Cell Metabolism ». Selon les chercheurs, une vaste étude clinique est nécessaire maintenant pour « explorer le rôle des acides aminés dans la prévention et le traitement chez l’homme des troubles liés à l’âge ».

Une étude l’année dernière avait montré que les acides aminés à chaîne ramifiée (AACR, ou en anglais BCAA) allongent la durée de vie des levures. Les acides aminés à chaîne ramifiée (AACR) sont constitués de 3 acides aminés essentiels - la leucine, l’isoleucine et la valine - et font partie des compléments alimentaires les plus utilisés, notamment en musculation.

Une supplémentation enrichie en AACR.

Afin de vérifier si les AACR pourraient favoriser la survie des mammifères, D’Antona, Nisoli et coll. ont conduit une étude chez la souris. Dans un groupe de 30 rongeurs mâles, âgés de 9 mois, ont reçu (« Big One ») dans leur eau de boisson, tandis qu’un autre groupe de 30 souris témoins buvait une eau normale. Les animaux étaient par ailleurs en bonne santé et recevaient une alimentation standard.

Le résultat est positif. La supplémentation en AACR allonge de 12 % la durée de vie moyenne des souris mâles (869 jours au lieu de 774), sans majorer toutefois leur durée de vie maximale. Ce gain de survie est accompagné, dans les cellules musculaires cardiaques et squelettiques, d’une augmentation de la biogenèse mitochondriale, d’une expression accrue de la sirtuine 1 et d’une baisse de la production des radicaux libres. Les bénéfices semblent ainsi similaires à ceux décrits précédemment avec la restriction calorique et l’exercice physique modéré, deux stratégies qui favorisent la survie.

Les souris supplémentées en AACR présentent également une meilleure endurance physique et une plus grande coordination motrice.

Biogénèse mitochondriale.

« En résumé, nous avons montré qu’un mélange d’AACR augmente la durée de vie moyenne des souris mâles. Ceci est vraisemblablement la conséquence d’une biogénèse mitochondriale accrue et d’une réduction du stress oxydatif dans les muscles cardiaques et squelettiques, grâce à des mécanismes médiés par l’eNOS », concluent les chercheurs. Puisque les souris étudiées étaient des mâles, l’équipe projette d’évaluer les effets chez des femelles.

Ces résultats suggèrent que la supplémentation en AACR, qui est déjà utilisée par les bodybuilders (« Big One » ou « Aminotrofic »), pourrait être bénéfique pour les sujets âgés ou malades. Pour le Dr Nisoli, cette supplémentation pourrait s’avérer particulièrement utile pour les patients âgés qui ont une insuffisance cardiaque, une sarcopénie ou fonte de la masse musculaire, une broncho-pneumopathie chronique obstructive ou d’autres affections caractérisées par des déficits énergétiques. De fait, une petite étude a déjà montré que la supplémentation enrichie en AACR améliore des troubles liés à l’âge, comme la sarcopénie, la dysfonction cardio-vasculaire, le diabète de type 2 et la résistance à l’insuline (Solerte et coll, Am J Cardiol. 2008).

Plus généralement, cette étude vient à l’appui « d’une philosophie prônant une approche nutritionnelle vis a vis des maladies, du vieillissement et des problèmes d’état énergétique », conclut le Dr Nisoli.

Cell Metabolism, 6 octobre 2010, D’Antona et coll., p 362.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8836