Surdité brutale résistant à la cortisone

Un facteur de croissance posé dans l’oreille moyenne

Publié le 26/11/2010
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Crédit photo : PHANIE

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C’EST UN espoir thérapeutique face à une pathologie parfois désespérante qu’apportent des médecins japonais de Kyoto. La surdité brutale, en effet, crée une perte d’audition chez environ 20 % des patients qui en sont atteints. Aussi, en se fondant sur la physiopathologie et leurs travaux antérieurs, Takayuki Nakagawa et coll. ont testé l’application unique dans l’oreille moyenne d’un facteur de croissance, l’insulin-like growth factor 1 (IGF1). Ils ont obtenu une amélioration chez plus de la moitié des patients.

Les 25 patients enrôlés avaient présenté une surdité brutale en moyenne 23 jours auparavant (de 15 à 32 jours) résistante à la corticothérapie. Le recrutement a été fait entre 2007 et 2009 et l’étude réalisée de façon prospective. Le facteur de croissance a été mis en place chirurgicalement. Après tympanotomie, sous anesthésie locale, un hydrogel gélatineux contenant 300 µg de mecasermine a été déposé sur la fenêtre ronde dans l’oreille moyenne. Les patients sont restés hospitalisés quatre jours.

Aucun effet indésirable majeur.

Des audiogrammes et des oto-émissions acoustiques ont été réalisés au 3e jour, puis à 1, 2, 4, 12 et 24 semaines. Les objectifs des ORL étaient les résultats à 12 et 24 semaines. Au premier des deux termes, 48 % des patients montraient une amélioration de l’audition. Douze semaines plus tard, ils étaient 56 % à mieux entendre. Aucun effet indésirable majeur n’a été relevé. Chez 20 % des patients, les médecins ont noté des vertiges (44 %), des nausées (24 %), une otite externe (32 %) ou moyenne (28 %). Toutes pathologies spontanément résolutives en quelques jours.

La première réflexion que font les auteurs porte sur le taux de récupération spontané. En effet, ces guérisons surviennent dans 40 à 65 % des cas, mais au cours des deux premières semaines. D’où les enrôlements après le 15e jour. Ils jugent donc que ces récupérations n’ont guère influé sur leurs résultats. Ils ajoutent que si l’essai thérapeutique en double aveugle constitue le « gold standard », il était éthiquement et techniquement (intervention chirurgicale) impossible.

Reste à comprendre comment l’IGF1 a pu apporter une solution thérapeutique. Les Japonais expliquent que, au cours des surdités brutales, l’un des objectifs du traitement consiste à protéger d’une dégénérescence les cellules ciliées auditives et les neurones primaires. Faut-il rappeler les très faibles capacités régénératives de ces cellules de l’oreille interne ? Plusieurs recherches actuelles ont suggéré le rôle des facteurs de croissance dans le maintien des systèmes auditifs périphériques. Elles ont mené à divers moyens de prévention de la dégénérescence des cellules ciliées et des neurones. Au nombre de ces voies se trouve celle de l’IGF1.

La mise au point, enfin, d’hydrogels de gélatine comme vecteur du facteur de croissance à permis de contourner l’obstacle de la délivrance locale du principe thérapeutique. L’IGF1 a reçu une approbation en clinique humaine. Il a été auparavant essayé chez l’animal au cours de traumatismes sonores ou de lésions de type ischémique. Il restait à le tester chez l’humain, dans le but de mettre en place des essais de plus grande envergure.

BMC Medicine, édition avancée en ligne.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8864