Cancer avancé de la prostate hormono-résistant

Un gain de survie avec Taxotere

Publié le 21/06/2004
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« C'EST UN PETIT PAS mais une avancée considérable dans la mesure où pour la première fois une chimiothérapie est efficace chez des patients au-delà de tout recours thérapeutique, ce qui ouvre de nouvelles possibilités thérapeutiques dans le traitement d'un cancer jusque-là résistant à la chimiothérapie », souligne le Pr Bruce J. Roth (Vanderbilt-Ingram Cancer Center Nashville) en commentant les résultats des deux études.

Etude de phase III, prospective et multicentrique.
L'étude TAX 327, grande étude de phase III, prospective et multicentrique, présentée par le Dr Mario Eisenberger (Johns Hopkins Cancer Center, Baltimore) a inclus
1 006 patients de 240 centres répartis dans 24 pays.
Ces patients âgés pour la plupart de plus de 65 ans, atteints d'un cancer de la prostate métastatique hormono-résistant, avec un taux médian de PSA de 114 à 123 ng/ml et n'ayant reçu aucune chimiothérapie antérieure sauf l'estramustine, ont été randomisés en trois groupes : les uns recevaient le docétaxel (75 mg/m2) toutes les trois semaines associé à 5 mg x 2/j de prednisone, les autres le docétaxel
(30 mg/m2) une fois par semaine associé à 5 mg x 2/j de prednisone, les patients du troisième groupe recevaient le traitement classique mitoxantrone (12 mg/m2) associé à 5 mg x 2/j de prednisone.
L'objectif principal était l'évaluation de la survie, les objectifs secondaires : la réponse à la douleur, la baisse > 50 % du taux de PSA, la qualité de vie. Les patients ont été suivis en moyenne pendant 20,7 mois.
Outre une amélioration significative de la qualité de vie, du taux de réponse sur la douleur (35 % vs 22 %
p = 0,0107), du taux de réponse PSA (45 % vs 32 %
p = 0,0005), le schéma d'administration docétaxel toutes les trois semaines réduit significativement le risque de décès de 24 % et prolonge la survie de près de trois mois par rapport au traitement par mitoxantrone associé à la prednisone.
Au vu de ces résultats, la Food and Drug Administration (FDA) a donné son agrément pour cette nouvelle indication du Taxotere[226] en mai 2004 ; l'autorisation de mise sur le marché européenne est attendue au début de 2005.

L'étude Swog 9916, présentée par le Pr Daniel Petrylak (Colombia University New York) est une étude multicentrique menée aux Etats-Unis chez 770 patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant au traitement hormonal. Elle est destinée à comparer un traitement associant docétaxel (60 mg/m2) toutes les trois semaines, estramustine (280 mg, trois fois par jour) pendant cinq jours à un traitement associant mitoxantrone 12 mg/m2 toutes les trois semaines et prednisone 5 mg x 2/j.
Les résultats sont pratiquement identiques aux résultats précédents : l'association docétaxel-estramustine réduit significativement le risque relatif de décès (20 %) et améliore significativement la survie sans progression
(6 mois vs 3 mois, p < 0,0001), le taux de réponse objective de 55 % (p = 0,15) par rapport à l'association
mitoxantrone + prednisone.
Le docétaxel présente un profil de tolérance prévisible et gérable ; en revanche les effets secondaires gastro-intestinaux et cardio-vasculaires sont apparus plus fréquemment chez les patients traités par docétaxel + estramustine.

Chaque année, 10 000 décès.
Avec 40 000 nouveaux cas par an en France, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l'homme et la cause de 10 000 décès annuels. Jusqu'à présent, le bénéfice de la chimiothérapie utilisée dans le traitement des cancers hormono-résistants (mitoxantrone en association à la prednisone) était efficace sur les douleurs et améliorait la qualité de vie sans modifier la survie. Taxotere, en prolongeant la survie des patients et en leur procurant une meilleure qualité de vie, représente une avancée thérapeutique majeure. Pour le Pr Zerbib (hôpital Cochin, Paris) « le fait d'avoir une molécule aussi efficace pour des patients aussi gravement atteints, nous fait espérer une efficacité aussi bonne, voire meilleure, si l'on utilise ce traitement plutôt chez des patients à haut risque d'évoluer défavorablement ».

La Nouvelle-Orléans, 40e congrès de l'American Society of Clinical Oncology (Asco). Points presse organisés par le Laboratoire Aventis.

&gt; Dr MICHELINE FOURCADE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7565