HABITUELLEMENT, le risque de décès des patients atteints de Bpco (bronchopneumopathie chronique obstructive) est apprécié par la mesure du Vems (volume expiratoire maximal par seconde). Mais des études épidémiologiques ont montré que d'autres facteurs de risque peuvent aussi influer sur le devenir à court et à moyen terme de ces malades en raison d'une atteinte concomitante d'autres organes.
Il s'agit, par exemple, de la présence d'une hypoxémie ou d'une hypercapnie, d'une diminution des capacités d'effort (appréciées par le périmètre de marche en un temps fixé), d'un haut degré d'essoufflement et d'un IMC (indice de masse corporelle) faible. Puisque la mesure du Vems ne renseigne que les capacités respiratoires d'une pathologie pourtant pluri-organique et puisqu'il existe des facteurs pronostiques simples à prendre en compte en pratique médicale courante, des pneumologues américains, espagnols et vénézuéliens ont imaginé un index composite prédictif du pronostic.
Pour cela, ils ont analysé les caractéristiques démographiques et épidémiologiques de 859 patients atteints de Bpco et soignés au sein des centres hospitaliers de référence des trois pays retenus. Le diagnostic de Bpco était retenu à la fois sur une histoire clinique de tabagisme à plus de 20 paquets-années et sur un rapport Vems/capacité vitale inférieur à 0,7, vingt minutes après l'administration d'albutérol (un bêta-mimétique inhalé). Les investigateurs ont exclu de l'étude : les sujets asthmatiques, chez qui le Vems était majoré de plus de 15 % après la prise d'un bronchodilatateur inhalé, les personnes ne pouvant pas effectuer un exercice physique de six minutes, celles qui avaient eu un infarctus du myocarde, une angine de poitrine ou une insuffisance cardiaque de classe III ou IV. Pour les 207 sujets retenus, différentes variables ont été appréciées : âge, tabagisme, capacité vitale, Vems (en litre et pourcentage), capacités d'exercice, degré de dyspnée (apprécié par automesure), IMC, capacité respiratoire fonctionnelle résiduelle et capacité inspiratoire, hématocrite et albuminémie.
L'analyse du suivi à moyen terme de cette cohorte incluse entre janvier 1997 et janvier 2002 a retrouvé 4 facteurs prédictifs indépendants du risque de décès : le degré d'obstruction des voies respiratoires (apprécié par le rapport entre le Vems mesuré et celui attendu), la distance parcourue en six minutes de marche et l'appréciation de la dyspnée par autoévaluation et l'IMC. A chacune de ces trois premières valeurs, un indice allant de 0 à 3 points a été attribué. En outre, il a été choisi d'attribuer une valeur 0 à tous les sujets dont l'IMC (BMI en anglais, pour Body Mass Index) était supérieur à 21 et une valeur 1 lorsqu'il était inférieur à ce seuil.
L'acronyme Bode.
L'index ainsi défini a été qualifié par l'acronyme Bode (Body Mass Index, Degree of Airflow Obstruction, Dyspnea, Exercice Capacity).
Cette première analyse a été confirmée par le suivi d'une cohorte de validation comprenant pour sa part 625 patients. L'analyse rétrospective de cette cohorte, dans laquelle 61 % des 162 décès survenus en six ans de suivi étaient en rapport avec une insuffisance respiratoire, a montré que, pour chaque augmentation de 1 point du score Bode, le risque de décès de toute origine était majoré de 34 %, et que le risque de mort par pathologie pulmonaire était pour sa part augmenté de 62 %.
Pour les auteurs, « ce critère composite permet de prévoir avec une précision plus grande que le seul Vems le risque de décès des patients atteints de Bpco ».
« New England Journal of Medicine », vol. 350 ; 10, pp. 965-966 et 1005-1011, 4 mars 2004.
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