CHEF DU SERVICE d’anesthésie-réanimation chirurgicale au nouvel hôpital civil de Strasbourg, le Pr Paul-Michel Mertes porte un regard plutôt positif sur la mise en place par la Haute Autorité de santé (HAS) des Indicateurs pour l’amélioration de la qualité et la sécurité des soins (IPAQSS). Parmi ces indicateurs figure notamment la tenue du dossier anesthésique (DAN). « Il s’agit d’une démarche cohérente qui, il est important de le rappeler, a été initiée par les instances de l’anesthésie-réanimation. Il y a quelques années, en effet, la SFAR avait lancé un projet relativement similaire, repris dans le cadre du projet de développement des indicateurs de qualité en partenariat avec la HAS. À l’époque, nous avions déjà essayé de sélectionner un certain nombre d’indicateurs qui nous semblaient devoir figurer dans un dossier anesthésique. C’est ce projet qui a ensuite été repris par la HAS pour bâtir l’indicateur IPAQH (Indicateurs de performance pour l’amélioration de la qualité hospitalière) puis IPAQSS », explique le Pr Mertes.
Comme tous les autres indicateurs, la tenue du dossier anesthésique est une obligation légale imposée par la HAS. Les données recueillies, via un tirage au sort de certains dossiers, peuvent être secondairement utilisées dans le processus de certification des établissements.
La tenue du dossier anesthésique repose sur 13 critères qui concernent les différentes phases de la prise en charge du patient : phase pré-anesthésique, peranesthésique, postinterventionnelle, péri-anesthésique. Le tout premier critère est commun à toutes les phases : il s’agit de l’identification du patient sur toutes les pièces du dossier
Pour la phase pré-anesthésique, il existe six autres critères : 1) identification du médecin anesthésiste sur le document traçant la phase pré-anesthésique (Consultation pré- anesthésique (CPA) et/ou Visite pré-anesthésique (VPA)) ; 2) trace écrite de la visite pré-anesthésique (VPA) ; 3) mention du traitement habituel ou de l’absence de traitement dans le document traçant la CPA (ou la VPA) (si applicable) ; 4) mention de l’évaluation du risque anesthésique dans le document traçant la CPA (ou la VPA) ; 5) mention du type d’anesthésie proposé au patient dans le document traçant la CPA (ou la VPA) ; 6) mention de l’évaluation des conditions d’abord des voies aériennes supérieures en phase pré-anesthésique dans le document traçant la CPA (ou la VPA).
Dans la phase peranesthésique, on retrouve deux critères : 1) identification du médecin anesthésiste sur le document traçant la phase peranesthésique ; 2) mention de la technique d’abord des voies aériennes supérieures en phase peranesthésique (si applicable).
Dans la phase postinterventionelle figurent trois critères : 1) identification du médecin anesthésiste sur le document traçant la phase postinterventionnelle (si applicable) ; 2) autorisation de sortie du patient de la SSPI validée par un médecin anesthésiste (si applicable) ; 3) trace écrite des prescriptions médicamenteuses en phase postanesthésique (si applicable).
Enfin, on retrouve un critère dans la phase péri-anesthésique : rubrique renseignée (ou barrée) permettant de relever les incidents ou accidents péri-anesthésiques.
L’objectif de 80 % est atteint.
Au départ, l’objectif était d’obtenir sur le plan national un niveau de 80 % de cet indicateur. « Aujourd’hui, cette barre a été atteinte, ce qui a conduit la HAS à procéder à la vérification des données, via le tirage au sort, tous les deux ans et non plus tous les ans », indique le Pr Mertes, en précisant que le CHRU de Strasbourg a, lui, décidé de continuer à faire lui-même un tirage au sort de certains dossiers, l’année où cela n’est pas fait par la HAS. « Avant même la mise en place des IPAQSS, notre établissement avait développé une politique de vérification de la qualité des dossiers. Il nous a donc semblé intéressant que chaque unité fonctionnelle d’anesthésie-réanimation du CHRU puisse procéder chaque année au tirage au sort d’une dizaine de dossiers pour vérifier leur qualité ».
Le Pr Mertes estime que la tenue de ce dossier anesthésique est « un excellent outil pour améliorer la qualité et la sécurité des soins, en permettant de garantir un bon niveau de transmissions des informations tout au long de la chaîne de la prise en charge du patient ». Le Pr Mertes précise que la SFAR, sous l’impulsion de son président, le Pr Dan Benhamou, a décidé d’engager une démarche pour aider les établissements qui le souhaiteraient à améliorer la qualité de la tenue du dossier anesthésique. « La mise en place de ces indicateurs a été bénéfique puisqu’on constate que les établissements qui étaient en dessous de la norme sont, dans l’ensemble, en train d’intégrer cette norme ».
D’après un entretien avec le Pr Paul-Michel Mertes, chef du service d’anesthésie-réanimation chirurgicale au nouvel hôpital civil de Strasbourg.
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