O N ne sait pas grand-chose sur les mécanismes de défense innée qui existent dans les voies reproductrices masculines et qui protègent les organes reproducteurs contre l'infection ascendante par les micro-organismes transmis sexuellement.
Une équipe de chercheurs chinois, dirigée par le Dr Yong-Lian Zhang (Académie chinoise des sciences à Shanghai, Chine), a concentré sa recherche sur l'épididyme.
L'épididyme constitue le début de la voie excrétrice du testicule, l'organe producteur des spermatozoïdes, et comporte une tête, un corps, puis une queue (laquelle se continue par le canal déférent).
Réservoir des agents microbiens
L'épididyme est responsable de la maturation des spermatozoïdes, de leur stockage et de leur protection. Mais il pourrait aussi agir comme un réservoir de bactéries et de virus (dont le VIH) qui ont été transmis sexuellement. En effet, une épididymite est observée chez 5 à 10 % des hommes sexuellement actifs. L'épididymite n'est pas sans conséquences puisqu'elle peut aboutir à une stérilité chez 20 a 40 % des hommes infectés.
En utilisant une analyse d'expression différentielle, Zhang et coll. ont cloné un fragment d'ADN, nommé Bin 1b, à partir de l'épididyme du rat. Le gène Bin 1b code pour une protéine qui semble appartenir, de par sa structure et ses propriétés antimicrobiennes, à la famille des bêtadéfensines. Les défensines (alpha et bêta) font partie des mécanismes de défense innée et ces peptides antimicrobiens interviennent dans la défense épithéliale et phagocytaire de l'hôte. Elles sont exprimées dans une variété de tissus, mais c'est la première fois qu'une défensine est identifiée dans l'épididyme.
Les chercheurs ont constaté que le gène Bin 1b n'est exprimé que dans la tête de l'épididyme et principalement pendant les années de maturité sexuelle des rats.
On sait que le microenvironnement de la tête de l'épididyme est essentiel pour que les spermatozoïdes acquièrent leur motilité. Cela suggère, déclarent les chercheurs, que Bin 1b joue un rôle important dans la fonction de l'épididyme et dans la fertilité masculine. Les chercheurs ont testé in vitro l'activité antimicrobienne de Bin 1b. Lorsque des cultures d'épithélium de la tête épididymaire sont mises en présence de E. coli (100 CFU), aucune colonie bactérienne n'est détectée 16 heures après, alors que de nombreuses colonies bactériennes sont présentes lorsque l'épithélium vient du corps épididymaire. Les chercheurs montrent aussi que l'expression de Bin 1b est augmentée (de trois fois) dans la tête de l'épididyme en réponse à l'inflammation déclenchée par une ligature du canal déférent.
Des gènes homologues chez l'homme et le singe
Le gène Bin 1b ressemble par sa structure à certains gènes épididymaires récemment trouvés chez l'homme et le singe (HE2 chez l'homme et EPE2 chez le singe).
« Bin 1b semble jouer différents rôles dans la fonction de l'épididyme », concluent les chercheurs. « Il pourrait non seulement constituer une piste intéressante pour la recherche dans le domaine de la contraception, mais aussi avoir des conséquences thérapeutiques pour les maladies sexuellement transmissibles. »
« Science » du 2 mars 2001, p. 1783.
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