Dépistage de la surdité néonatale :

Un programme précurseur en Haute-Normandie

Publié le 14/09/2015
Article réservé aux abonnés

Le Dr Yannick Lerosey, médecin aux CHU de Rouen et à l’hôpital d’Évreux organise, depuis plus de quinze ans, à titre bénévole, des opérations de dépistage de la surdité néonatale dans les établissements hospitaliers de Haute Normandie.

Les résultats de ces campagnes qui concernent l’ensemble des maternités de la région sont plutôt bons. Le taux de couverture des nouveau-nés hauts normands atteint les 99,82 %, un record au plan national. « Jusqu’à présent, nous arrivions à trouver des subventions extérieures en allant voir des élus ou des mécènes et en offrant quelques heures de notre temps… », explique Yannick Lerosey. Mais devant l’accroissement du nombre et de la qualité des dépistages, les autorités sanitaires régionales ont décidé de prendre en charge des contrôles rendus obligatoires depuis un arrêté d’avril 2012. Le dépistage de la surdité néo-natale fait désormais partie des examens systématiques chez tous les nouveaux nés, une reconnaissance pour les établissements médicaux de haute Normandie, précurseurs en la matière.

De bons résultats

La mise en œuvre du dépistage est confiée aux agences régionales. Des programmes nationaux sont lancés sous forme de coordinations régionales accompagnées de financements adaptés. Une « prime » de 18,7 euros par naissance vient s’ajouter au forfait d’accouchement versé aux maternités pour financer les opérations de dépistage de la surdité néonatale.

L’équipe du Dr Lerosey se félicite de cette évolution qui permet une prise en charge précoce de la surdité et réduit le retentissement sur le développement et les apprentissages. Les premiers financements arrivent dans les établissements de soins. Tout se met en place... jusqu’à ce que les premières demandes de budgets pour renouveler des matériels de diagnostic des nouveau-nés deviennent nécessaires. La réponse est sèche : « Non, il n’y a plus un sou ! » Le budget d’un hôpital est global. « Il n’est pas question de conserver des fonds spécifiques alors que l’établissement connaît des difficultés financières… », s’entendent-ils expliquer. Ces enveloppes sont intégrées dans un budget général pour combler un déficit, chronique dans le monde des hôpitaux. Stupéfaits par cette explication, les médecins « dépisteurs », Yannick Lerosey en tête, se fâchent. « Il s’agit de moyens nouveaux, expressément attribués à nos activités, et non des financements hospitaliers généraux… », se défendent-ils. Ils menacent de ne plus réaliser les dépistages faute de pouvoir couvrir les coûts en personnel qualifié et en matériel.

Une réponse efficace

Les responsables régionaux ne pouvaient pas prendre le risque de devoir affronter une campagne leur demandant d’expliquer pourquoi les bébés hauts normands ne bénéficieront plus de dépistage de la surdité néonatale, tout le monde s’est retrouvé autour de la table de négociations. Les établissements bénéficiaires des budgets ont signé une convention tripartite : hôpitaux, ARS et associations de dépistage. Ils se sont engagés à préserver dans les forfaits d’accouchements les montants financiers affectés au dépistage de la surdité chez les nourrissons.

L’organisation du financement du dépistage néonatal en haute Normandie peut continuer à être cité en exemple au plan National. En 1999, année du lancement de l’opération, 2 000 nourrissons ont été contrôlés. En 2003, Ils étaint 4 500. Désormais environ 23 000 nouveau-nés bénéficient du dépistage chaque année. La région de haute Normandie compte 1,9 millions d’habitants et possède 14 maternités sur son territoire. Elle dispose de 3 centres diagnostiques référents PEA (Potentiels évoqués auditifs), ASSR (Auditory Steady State Response) et audiométries ainsi que de 8 centres de convocations PEAA+/- tests diagnostiques.

Claude Sokolski

Source : Le Quotidien du Médecin: 9432