L A pièce de l'écrivain italien Chigo de Chiara, disparu en 1995 à 64 ans, n'est pas un chef d'oeuvre. Mais elle a été écrite avec une sincérité qui, aujourd'hui, dans la traduction fluide et nerveuse de Rosetta Morselli et Nicole Thévenin, touche.
L'homme à la mer qui craint d'être renvoyé de l'entreprise qui l'emploie et s'imagine d'autres vies, d'autres rencontres, entre rêve flou et cauchemar précis, c'est un peu l'auteur lui-même, qui confessa comment il traversa une période de dépression. Il refusa toute idée de soutien psychologique, préférant s'acheter un voilier et partir à l'aventure. Une aventure qui tourna court... Mais dont il revint guéri.
« L'action se déroule dans l'espace mental d'Ugo », précise l'auteur. On le comprend rapidement grâce à la mise en scène et au dispositif scénique imaginé par Stephan Meldegg. A part Philippe Laudenbach, qui met on ne sait quoi de légèrement flegmatique et délicatement ironique dans le personnage du psychiatre, à part Pierre Richard qui joue Ugo, les acteurs jouent plusieurs rôles et excellent à changer rapidement de personnage. Gérard Maro s'amuse franchement, composant sans craindre de forcer le trait - tout cela est dans la tête du héros, ne l'oublions pas ! -, une série de ganaches, du président Bêta au Commandant. Patrick Messe fait de même avec brio. Eliza Maillot est formidable : de Silvia à Luisa, sans trop appuyer, de Alpha à l'Hôtesse, elle se met littéralement en quatre, de jeunesse à maturité, avec une virtuosité remarquable.
Mais c'est Pierre Richard qu'un public qui l'a applaudi au cinéma vient voir. On le sent. Il y a un crédit d'amour inépuisable entre lui et les spectateurs. Et, il faut le dire, son charme opère. Le grand blond a pris des rides, mais ce sont les rides touchantes d'un Pierrot lunaire qui a du vague à l'âme.
On mentirait si l'on ne disait pas que la pièce paraît un peu longuette, un peu répétitive et un peu « courte » dramatiquement parlant car au fond il n'y a qu'une situation donnée une fois pour toutes. On peut même un peu s'ennuyer. Mais si on se laisse porter par les ondes de sympathie de la salle vers son héros, on est conquis. Un acteur sympathique, fin, qui se donne complètement mais qu'on aimerait voir jouer Tchekhov !
Théâtre La Bruyère, à 21 h du mardi au samedi, le samedi à 17 h 30 (01.48.74.76.99). Durée : 1 h 50 sans entracte. Le texte de la pièce est publié par « L'Avant-Scène », n° 1 082, 15 janvier 2001, 66 F.
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