L’INTÉRÊT d’une vaccination à grande échelle contre les papillomavirus (HPV), en prévention du cancer du col, va être conforté par l’efficacité sur le long terme. C’est le constat majeur d’une étude publiée en ligne par « The Lancet ». Il s’agissait, pour Diane M. Harper et le « HPV vaccine study group », d’évaluer des femmes qui avaient bénéficié, quatre ou cinq ans plus tôt, d’une vaccination. Elles avaient reçu trois doses d’un vaccin bivalent HPV 16/18, fondé sur des particules L1 similaires au virus, et utilisant l’adjuvant AS04 (Laboratoires GSK).
L’objectif de l’équipe était d’évaluer l’efficacité, l’immunogénicité et la sécurité d’emploi de la préparation vaccinale, à la fois sur les infections incidentes et persistantes à HPV 16 et 18, et sur l’avenir histologique des volontaires.
Frottis annuels et recherche d’ADN viral.
Pour y parvenir, l’équipe s’est intéressée aux femmes de leur précédente enquête de suivi, multicentrique (Etats-Unis, Canada et Brésil), randomisée en double aveugle contre placebo. C’est ainsi qu’ont été enrôlées, entre novembre 2003 et juillet 2004, 393 volontaires qui avaient reçu à trois reprises 0,5 ml du vaccin et 383 femmes du groupe placebo. Elles ont été suivies par des frottis annuels et une recherche d’ADN viral. L’immunogénicité du vaccin et sa tolérance ont été également évaluées.
Au cours de cette surveillance prolongée, les auteurs ont constaté que plus de 98 % des femmes vaccinées conservaient des anticorps anti-HPV 16/18. Ils relèvent aussi une efficacité significative de la préparation sur les différents objectifs de départ du travail. C’est ainsi que 96,9 % des volontaires ont été protégées d’une infection incidente ; 94,3 % d’une infection persistant six mois et 100 %, persistant douze mois. Dans le cadre d’une analyse associant efficacité initiale et suivi prolongé, l’efficacité vaccinale a été évaluée à 100 % en prévention des néoplasies intraépithéliales (CIN) liées aux HPV 16 et 18.
Le même adjuvant, AS04.
Deux bonnes surprises, enfin, à l’analyse des résultats. La première porte sur une protection plus importante que prévue sur la survenue de lésions cervicales histologiques ; la seconde est une protection croisée contre les infections à HPV 45 et 31. Ces deux sous-types constituent les 3e et 4e virus les plus fréquemment impliqués dans les cancers du col.
Sur une période allant jusqu’à cinquante-trois mois, le vaccin s’est montré bien toléré. A ce propos, les auteurs font plusieurs remarques. Tout d’abord, cette tolérance a déjà été constatée avec d’autres vaccins utilisant le même adjuvant, AS04. Ensuite, de façon inaccoutumée, c’est dans le groupe placebo qu’ont été relevés le plus d’effets indésirables. Il faut peut-être y voir la conséquence de colposcopies plus fréquentes chez les femmes non protégées et donc l’occasion d’événements indésirables plus fréquents.
L’efficacité vaccinale prolongée pourrait résulter de la présence de l’adjuvant AS04. D’autres essais vaccinaux ont déjà constaté des taux d’anticorps plus élevés avec cet adjuvant plutôt qu’avec l’aluminium seul.
Un tel niveau de protection fait écrire aux auteurs que la notion d’infection persistante constitue un bon objectif virologique d’évaluation. Dans la mesure où elle constitue un passage obligé dans la survenue d’une dysplasie de haut grade ou d’un cancer cervical.
D. M. Harper et son équipe achèvent la publication de leur travail sur deux points qui pouvaient prêter à discussion. Leur algorithme de prise en charge clinique a permis de faire la distinction entre les lésions ayant régressé naturellement et celles ayant évolué vers des lésions précancéreuses dues à HPV 16/18. La seule limitation qu’ils admettent est le faible nombre de lésions cancéreuses relevé, reflet du temps nécessaire à leur apparition.
«The Lancet », édition avancée en ligne le 6 avril 2006.
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