L es cancers des voies aérodigestives supérieures ont en commun des facteurs favorisants bien connus : l'intoxication tabagique classiquement chez l'homme et maintenant chez la femme, l'intoxication éthylique, le mauvais état dentaire par la friction répétée d'un chicot au contact d'un bord de langue qui va provoquer une inflammation qui, à la longue, va dégénérer, certains états précancéreux, comme les dysplasies et les lichens, etc.
Toutefois, dans 10-12 % des cas, les patients ne sont ni alcooliques ni tabagiques : le cas typique est celui du cancer de l'amygdale qui survient souvent chez la femme sans facteur prédisposant et qui est particulièrement agressif.
La dysphonie, maître symptôme du cancer du larynx
Une dysphonie qui ne fait pas sa preuve au bout de trois semaines impose un examen approfondi chez un spécialiste, voire des examens complémentaires. Un changement de timbre de voix, une voix couverte, une fatigabilité vocale permanente ou intermittente qui persistent méritent un examen endoscopique qui permettra de faire le diagnostic différentiel avec des tumeurs bénignes ou une pathologie inflammatoire.
D'autres symptômes peuvent alerter les patients, ce sont les troubles de la déglutition plus spécifiques des affections pharyngées : toute sensation de gêne persistante au moment de la déglutition accompagnée d'une douleur localisée, unilatérale doit attirer l'attention sur l'oropharynx et faire pratiquer un examen clinique minutieux. A la différence de la douleur de la pharyngite chronique banale qui cède au moment de l'alimentation, la douleur du cancer est réveillée par la déglutition des aliments et s'accompagne d'une expectoration de salive parfois mêlée de sang ; une otalgie réflexe qui peut être le seul signe d'appel.
Les troubles respiratoires sont des signes d'appel plus rares des cancers laryngo-pharyngés : apparition d'une dyspnée progressive qui correspond souvent à un cancer sous-glottique qui évolue à bas bruit pour finalement s'exprimer par une dyspnée qu'il faut différencier d'une dyspnée laryngée, d'une dyspnée trachéale ou d'une dyspnée bronchopulmonaire.
Les tuméfactions cervicales
Chez l'adulte, une adénopathie infectieuse satellite d'une infection oropharyngée est classique et banale.
En revanche, une adénopathie cervicale indolore persistante fait redouter une hémopathie maligne (lymphome non hodgkinien ou maladie de Hodgkin) ou un cancer locorégional.
Sa découverte mérite donc toute l'attention du praticien qui doit en préciser les circonstances d'apparition, le mode évolutif, apprécier la consistance, la mobilité par rapport au plan superficiel et au plan profond, en particulier l'axe jugulo-carotidien et son siège qui peut parfois orienter vers une origine précise.
La recherche d'autres adénopathies ou d'adénopathies contro-latérales devra également être faite avec soin.
L'examen clinique est primordial : à la vue pour inspecter le plancher et le bord de la langue, les gencives, les cryptes amygdaliennes, en haut les fosses nasales, en arrière le cavum et le pharyngo-larynx et par la palpation qui peut révéler une petite induration sous-jacente au niveau du plancher de la langue ou de l'amygdale.
En cas de doute, les explorations doivent aller jusqu'à l'endoscopie sous anesthésie générale (panendoscopie) qui permet de voir la tumeur, d'apprécier son siège exact, son étendue, de rechercher une 2e localisation qui existe dans 40 % des cas et de pratiquer une biopsie pour examen histologique, seul élément diagnostique formel.
D'après la communication du Dr Jacques Leval (Lyon).
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