L 'OMS estime que, en l'an 2000, un être humain est mort par suicide toutes les 40 secondes dans le monde, correspondant à un taux moyen d'environ 16 pour cent mille. En France, ce taux est à 21 pour cent mille. Ces chiffres ne sont qu'une approximation, l'épidémiologie du suicide restant encore très difficile, explique le Pr Jean-Pierre Soubrier (hôpital Cochin, Paris).
Ceux qui sont fournis par les gouvernements forment la base des calculs de l'OMS. Ils sont complétés par les chiffres avancés par des organisations nationales non gouvernementales, dont ceux de l'AIPS (Association internationale pour la prévention du suicide).
Avec l'OMS, elle est à l'origine du programme SUPRE (Suicide Prévention) dont les objectifs sont, en particulier, de réduire la morbi-mortalité due au suicide et de sensibiliser les autorités nationales, le public et les acteurs de prévention du domaine socio-sanitaire. Dans ce cadre, l'OMS a édité une brochure en direction des médecins généralistes. Elle vient d'être traduite en français.
En cours d'élaboration, un second programme (SUPRE-MISS) a pour objectif l'étude du comportement suicidaire, afin d'établir les relations entre tentative de suicide et mort par suicide. Enfin, le suicide fait partie des troubles identifiés comme prioritaires par l'OMS, avec les troubles dépressifs, la schizophrénie, l'alcoolisme, l'épilepsie et la maladie d'Alzheimer, qui seront au cœur de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril 2001.
C'est donc naturellement que l'OMS soutient activement la 5e Journée nationale organisée par l'Union nationale pour la prévention du suicide, qui, a rappelé son président, le Pr Michel Debout (médecine légale, Saint-Etienne), réunit des associations très diverses, rassemblant aussi bien des médecins que des travailleurs sociaux et des bénévoles. Il a d'ailleurs tenu à souligner l'importance croissante et bienvenue des associations de patients dans les actions de santé nationales.
La prise de conscience qu'occasionnent (entre autres) ces journées semble réelle, puisque la SOFRES estime que près de 80 % des Français sont d'accord pour développer la prévention du suicide et en parler. Chiffre encourageant, puisque le Pr Debout rappelle que la prévention dépend en définitive de la vigilance de chacun de nous. Cette prévention a été développée localement à partir de l'amélioration de l'accueil hospitalier, du développement de lieux d'écoute (en face à face ou par téléphone) et du repérage en institutions des souffrances psychiques. Elle est complétée aujourd'hui par la mise en réseau de ses différents acteurs.
Le dialogue des acteurs locaux
A l'origine du programme PRID (Programme de recherche et d'information sur la dépression), les Laboratoires SmithKline Beecham ont décidé de contribuer à ce dernier axe d'action en organisant 70 ateliers régionaux au cours de la 5e Journée de prévention du suicide. Les participants à ces ateliers* recevront les recommandations de l'OMS (en français) et un ouvrage (« Dépression et Suicide ») réalisé par le Dr Pommereau (Bordeaux). Ils pourront également visionner une vidéo (« Correspondances ») dans laquelle suicidants, conjoints et médecins traitants s'expriment sur le geste suicidaire. L'objectif des ateliers est de favoriser le dialogue des acteurs locaux en leur permettant de se rencontrer pour améliorer la qualité de leur prise en charge et établir des liens réguliers de coopération.
* Renseignements : DIAM, tél. 01.46.98.48.48.
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