La télémédecine

Une nouvelle modalité d’exercice

Publié le 05/12/2013
Article réservé aux abonnés
1386211326477953_IMG_117179_HR.jpg

1386211326477953_IMG_117179_HR.jpg
Crédit photo : BSIP

Drs O. Guillin et S. Haouzir

DÉFINIE COMME l’utilisation des technologies de communication et d’information pour délivrer des soins de santé et échanger des informations sanitaires lorsque les acteurs sont à distance, la télémédecine peut participer à améliorer l’accès aux soins et la continuité des soins. Il ne s’agit pas d’une solution de remplacement des interventions actuelles des équipes de secteurs mais d’une modalité complémentaire de l’offre de soins.

Dans le contexte actuel d’une diminution progressive des effectifs médicaux, l’offre de soins en psychiatrie dans les régions notamment rurales a significativement diminué. Nous sommes confrontés à des populations à mobilité réduite, des temps de trajet longs pour se rendre auprès de ces populations, peu compatibles avec la nécessité pour les praticiens d’être présents sur le site des unités d’hospitalisation pour y assurer la continuité des soins médicaux. Par ailleurs, les psychiatres sont de plus interpellés pour intervenir dans des établissements médico-sociaux comme les établissements pour personnes âgées ou ceux recevant des personnes en situation de handicap. Pour répondre à ces impératifs et augmenter l’offre de soins, la téléconsultation pourrait offrir une alternative efficace. Le temps médical étant limité, dans un contexte économique contraint, la télémédecine, en diminuant les temps de transport vers les centres de consultations éloignés, pourrait optimiser les organisations de travail et permettre d’augmenter le nombre de consultations offertes à la population et la qualité des soins.

L’expérience de la Haute-Normandie.

Cette pratique de la consultation psychiatrique a été expérimentée et évaluée favorablement notamment en Amérique du nord et en Europe tant à des fins diagnostiques que thérapeutique ; dans la dépression, les troubles anxieux, les psychothérapies, l’amélioration de l’observance du traitement et l’aide aux médecins de première ligne. L’acceptabilité des patients est jugée équivalente à celle de la pratique conventionnelle.

Conscients des difficultés rencontrées pour satisfaire les besoins de santé mentale dans la région Haute-Normandie, et notamment dans les zones rurales, les praticiens du Centre Hospitalier du Rouvray ont expérimenté la télépsychiatrie. En 2006, nous avons mené une étude de faisabilité dans un CMP rural et en psychiatrie de liaison dans une maison de retraite, où étaient effectués auprès des mêmes patients des consultations classiques et des consultations en visioconférence. Le rythme était de deux consultations en visioconférence pour une consultation classique. Cette étude de faisabilité a concerné seize patients, dont la fréquence de consultation a pu être doublée sur l’année. Aucune difficulté particulière n’a été rencontrée et la satisfaction des patients a pu être jugée bonne.

Depuis lors, l’offre de télépsychiatrie a fortement progressé dans notre région puisque six établissements sanitaires et 63 établissements médico-sociaux sont interconnectés. L’utilisation principale est l’organisation de téléstaff mais également des télé-expertises.

La télépsychiatrie permet donc d’augmenter l’offre de soins en optimisant le temps des psychiatres qui doivent intervenir dans des lieux différents et parfois lointains. Néanmoins, il n’est pas concevable de penser que ce mode d’exercice pourra dans les années à venir remplacer l’exercice habituel de psychiatrie qui nécessite toujours un contact direct entre le médecin et le patient.

(1) Centre Hospitalier du Rouvray, Rouen

xx

Source : Bilan spécialistes