'ADIPOCYTE ne cesse de livrer ses secrets. Depuis la découverte de la leptine et du TNF alpha, le tissu adipeux est reconnu comme un important site de synthèse d'hormones qui agissent sur le métabolisme corporel. Des chercheurs du célèbre Massachusetts Institute of Technology ont réussi à synthétiser un fragment actif d'une protéine, également sécrétée par l'adipocyte : l'Acrp30 (ou AdipoQ), qui augmente l'oxydation des acides gras libres (AGL) dans le muscle et, par conséquent, la consommation énergétique globale. L'Acrp est une molécule qui présente des analogies spatiales avec le complément mais dont les fonctions ne sont pas connues.
Sa production, provenant exclusivement des adipocytes matures, est abaissée chez l'homme et la souris obèses. C'est précisément la configuration spatiale globulaire de l'Acrp, semblable à la partie C-terminale des molécules de la famille du complément, qui a intéressé les chercheurs américains. En effet, dans cette classe, se trouvent les protéines hib responsables de la régulation du métabolisme durant l'hibernation, par conséquent ca-pables d'agir sur le stockage et l'utilisation des graisses.
Pour vérifier l'hypothèse du rôle de ce fragment protéique, les chercheurs ont fabriqué une protéine Acrp30 recombinante dans laquelle seule la partie renflée, analogue au complément, était présente (gAcrp30).
Un régime riche
en lipides et glucides
Un régime riche en lipides et glucides
Le produit a été administré à des souris nourries avec un régime riche en lipides et en glucides et à des souris sous nutrition parentérale d'acides gras (Intralipide), les injections ayant lieu au moment des apports caloriques. La mesure des triglycérides, de la glycémie, des AGL, de l'insuline et de la leptine était effectuée à jeun et en postprandial. Après sacrifice des animaux, le niveau d'oxydation des acides gras dans deux muscles physiologiquement différents de l'animal était comparé en présence ou en l'absence d'injection de gAcrp30.
Après injection, les chercheurs ont observé une baisse significative des taux plasmatiques d'AGL, de glucose et des triglycérides dans une moindre proportion. L'analyse des muscles des animaux sacrifiés a montré une augmentation rapide de l'oxydation des acides gras libres alors que les taux d'insuline, de glucagon, de leptine étaient par ailleurs inchangés. Tous les animaux « traités » par la gAcrp30 ont modifié leur masse corporelle en comparaison des animaux témoins et, fait notoire, il n'est pas apparu de toxicité.
Plusieurs tentatives d'augmentation de l'oxydation des acides gras par le muscle ont, en effet, déjà été rapportées par thérapie génique conduisant à une superexpression de la lipoprotéine lipase. Mais avec cette technique, une importante toxicité cardiaque et musculaire a accompagné la perte de poids des souris. Le travail de l'équipe de Boston est donc particulièrement prometteur car il montre une perte de poids par augmentation du métabolisme énergétique via l'oxydation des AGL, sans effet indésirable notoire et sans modification du comportement alimentaire. Il reste à savoir si ce fragment protéique est capable d'augmenter la pénétration des AGL à l'intérieur des cellules et, surtout, s'il n'altère pas les capacités musculaires.
Joachim Fruebis et coll. « Proc Natl Acad Sci USA » , 13 février 2001, vol. 98, n° 4, pp. 2005-2010.
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