E N montrant une association entre le diabète de type 1 et l'asthme, des médecins norvégiens réfutent une hypothèse reposant sur la physiopathologie de ces affections. En effet, dans le dernier « Lancet », Lars C. Stene et Per Nafstad (Oslo) publient les résultats de leur travail, qui démontent une opinion généralement répandue présentant chaque affection comme quasi exclusive de l'autre. Opinion fondée sur la balance entre les lymphocytes Th1 et Th2.
Il faut se souvenir que le diabète de type 1 est médié par des réponses Th1, alors que les affections d'ordre atopique le sont par les Th2. Et « le paradigme Th1/Th2 prédit une association négative entre les maladies parce que les réponses Th1 et Th2 sont mutuellement inhibitrices », rappellent les auteurs. Ils sont donc partis de l'analyse rétrospective des données sur le diabète chez des jeunes de 0 à 15 ans, se rapportant aux années 1989 à 1994 pour l'Europe (16 pays) et 1971 à 1991, hors Europe (12 pays). En ce qui concerne l'asthme, le critère retenu a été au moins quatre épisodes de sibillance au cours de l'année passée et les données retenues ont porté essentiellement sur les années 1994 et 1995 en Europe et ailleurs.
Le calcul du coefficient de corrélation de Spearman montre effectivement une association positive entre les deux affections dans tous les pays avec une prééminence dans les pays anglophones et une faible relation en Finlande. Le coefficient de corrélation entre diabète de type 1 et toute sibillance dans l'année précédente est de 0,78 (95 % CI, 0,46-0,92) en Europe et 0,73 (0,27-0,92) hors Europe.
Non-représentativité des échantillons
Certes, ce type d'étude comporte des faiblesses, que reconnaissent bien volontiers les auteurs : la non-représentativité des échantillons de population, les sous-déclarations, de mauvaises classifications (surtout dans l'asthme). Cependant, précisent les médecins norvégiens, aux termes de l'étude internationale sur l'asthme et les allergies de l'enfance, diverses formes d'asthme et d'affections atopiques sont corrélées et des associations entre diabète et atopie sont similaires à celles avec l'asthme. Ces biais ne sont pas, toujours selon les auteurs, susceptibles d'invalider leur résultat.
« Notre observation ne réfute pas l'hypothèse d'une participation de la balance Th1/Th2 dans le développement de l'une ou l'autre maladie. Cependant, nous pensons qu'une conséquence raisonnable de notre travail est que les changements dans la balance Th1/Th2, au niveau d'une population, ne sont pas à même d'être une explication majeure dans le changement d'incidences à la fois des maladies atopiques et du diabète de type 1. Nos données indiquent que les facteurs influençant la proportion d'individus prédisposés aux infections inflammatoires tels l'asthme et le diabète de type 1 peuvent former un groupe dans des pays. » La susceptibilité peut être d'origine génétique, due à une exposition environnementale précoce, ou les deux, sensibilisant l'individu à des affections inflammatoires ultérieures. Une association négative entre les deux maladies, telle qu'on la concevait jusqu'à présent, peut trouver son explication dans une inhibition mutuelle des réponses Th1 et Th2 prééminente après le début du processus de la maladie. « Le paradigme Th1/Th2 dans son expression la plus simple est une sursimplification et des mécanismes autres que des perturbations de la balance peuvent entrer en ligne de compte dans notre travail. N'importe quelle explication de l'épidémiologie des affections atopiques ou du diabète de type 1 devrait être susceptible d'inclure notre observation », concluent les deux Norvégiens.
« Lancet », vol. 357, 24 février 2001, pp. 607-608.
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