Après Paris et Strasbourg, Marseille vient d’acter l’ouverture de sa salle de consommation de drogue à moindre risque en 2020. « Enfin », pourrait dire le Dr Patrick Padovani, médecin généraliste, élu, délégué à la santé depuis de nombreuses années dans l’équipe du maire Jean-Claude Gaudin et qui se bat depuis plus de 20 ans pour la création d’une « salle de shoot ». Reste à savoir où cette salle pourra être implantée, le site choisi initialement ayant été vivement repoussé par les riverains et les élus.
« Aujourd’hui, le maire a signé la lettre d’autorisation d’ouverture et le processus est enclenché, assure le médecin marseillais. Le dossier est désormais entre les mains de l’ARS PACA qui doit solliciter l’aval du ministère de la Santé. Mais il y a de très fortes chances que nous ayons l’appui du gouvernement et que ce soit validé rapidement. »
Le projet s’appuie sur un comité de coordination composé des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) de cinq associations marseillaises qui œuvrent dans ce domaine depuis des années (TIPI, Sleep’in, Protox, le bus 31/32 et l'association Asud Mars Say yeah). « Chacune travaillera selon ses spécificités soit sur la réinsertion par le logement ou l’utilisation de lits de sevrage. Mais c’est l’ASUD, association d‘auto-support et de réduction des risques des usagers de drogue, qui est chargé de gérer cet espace dédié. »
La présidente de cette association, le Dr Béatrice Stambul, estime qu’il y a, à Marseille, plus de 1 200 injecteurs de produits souvent coupés et qui le font dans des conditions d’hygiène déplorables. « Il y a nécessité à encadrer cet usage dans une salle dédiée. Dans cet espace, des seringues à usage unique seront fournies par du personnel médical présent 7 jours/7 de 13 h à 21 h. »
Tollé des riverains et des élus
Reste maintenant à trouver le lieu pour accueillir cette salle de consommation à moindre risque et son équipe pluridisciplinaire. Début juin, une information du journal « la Provence » révélait l’accord de principe donné par l’AP-HM sur un local de l’hôpital de la Conception. L’Assistance publique des hôpitaux de Marseille avait en effet acté la mise à disposition d’un pavillon précédemment affecté à l’hospitalisation à domicile, rue Saint-Pierre. Des locaux rénovés récemment et qui permettaient une ouverture en 2020.
Cet accord entre la ville de Marseille et l’AP-HM sur ce site a provoqué un tollé de la part de riverains très inquiets de cette installation et d’élus marseillais, pour la plupart de son propre bord, « opposés par principe à cette salle de shoot ». Patrick Padovani reprend donc son bâton de pèlerin pour trouver un nouveau lieu avec l’AP-HM. Il rencontre son directeur général Jean-Olivier Arnaud le 1er juillet prochain à ce sujet.
« Je suis écœuré de cette forme de politique politicienne qui se mêle de santé publique. Et je déplore que, par électoralisme, ceux qui sont chargés de conduire les politiques publiques soient manipulés dans ce sens, par des gens qui ont peur de tout. Mais comme l’a dit Simone Veil, je n’ai pas à choisir entre une bonne et une mauvaise vie. Je ne lâcherai pas l’affaire. » Selon lui, tout cela ne remet pas en cause la création de cette salle de shoot. La prochaine entrevue avec le directeur général de l’AP-HM sera déterminante pour le lancement en 2020.
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