N E vous aventurez pas au Petit-Odéon si vous souhaitez que l'on vous raconte la vie sublime et tragique de Garrincha, célèbre champion de football brésilien des années 195O-1960. Comme le titre du spectacle l'indique, Monsieur Armand tient une grande place dans cette fantaisie de Serge Valletti.
Et de la fantaisie, il y en a à revendre dans ce texte hilarant et tendre, cocasse et doux, précis et fin que Valletti a écrit à la demande d'Eric Elmosnino, unique et irrésistible interprète de cette évocation drôlatique.
Patrick Pineau, qui signe la mise en scène, se joue de la petite salle en installant un écran et en nous faisant découvrir l'unique protagoniste lorsqu'il n'est plus censé être en scène, devant nous, mais derrière, dans sa... cuisine. Parfois, il va s'y faire cuire un uf ! Mais il ne cesse de s'adresser à nous et l'on ne perd rien de son discours. Il vagabonde. Et c'est là que Valletti est le plus fort : acrobate de l'incise, de la dérive, du récit dans le récit, du télescopage impromptu, du coq-à-l'âne. Tout est vrai. De l'accident des 24 heures du Mans au distributeur à collants, tout est pur jus France, made in France : c'est son côté Perec ! Valletti n'est pas Marseillais pour rien. Il possède l'art de la palabre, celui de la démonstration par l'absurde, le goût du conte et de l'exagération. C'est de l'excellent Valletti. Pineau a très bien travaillé et Elmosnino, bougon à souhait, soupe-au-lait, hableur, bavard, menteur sans doute - on parle du personnage ! - est parfait.
Théâtre de l'Odéon, salle Roger-Blin, à 18 h du mardi au samedi. Durée : 1 h 30 sans entracte (01.44.41.36.36). Jusqu'au 3 février.
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