La variété d’appareils d’imagerie est aussi vaste que la notion est large. Que faut-il en effet entendre par imagerie médicale ? Selon le Pr Franck Courbon, de l’Institut universitaire du cancer de Toulouse, « l’imagerie médicale caractérise à la fois une fonction et une espèce de marqueur biologique non interventionnel ». Cette imagerie moléculaire servirait ainsi à l’évaluation d’une thérapie ciblée.
Pour autant, précise le Pr Courbon, « chacun de ces outils ayant des avantages et des inconvénients, il convient de les associer plutôt que de les remplacer les uns par les autres tantôt pour identifier ce qui doit être irradié, tantôt pour déterminer ce qui ne devrait pas l’être ». Une vision néanmoins ambitieuse car, à l’instar de l’imagerie par fluorescence plus connue sous le terme d’imagerie optique, toutes les modalités d’imagerie ne sont pas encore entrées dans la pratique clinique.
Des technologies de l’information adaptées
Cette perspective semble cependant incontournable car « l’association de différents contrastes sur la même image permet d’améliorer la reproductibilité inter-médecins et donc de renforcer la confiance diagnostic », explique le Pr Courbon. D’excellents contrastes entre les tissus permettent par exemple de délimiter les lésions des zones saines. À condition, toutefois, d’être capable de corriger les éventuels mouvements de la cible, de synchroniser les images et ainsi d’augmenter la précision.
Et bien évidemment de traiter toutes ces données. D’où la nécessité de disposer de technologies de l’information idoines afin de mutualiser toutes ces informations et de gagner du temps médical. Car « ces big data n’ont d’intérêt, en cancérologie et en particulier en radiothérapie, qu’à partir du moment où elles sont rapidement intégrées et donc à mêmes d’optimiser la décision », précise Eric Deutsch de l’Institut Gustave-Roussy (IGR) à Villejuif (Val-de-Marne). Et d’améliorer la survie globale dans la cadre d’essais cliniques.
L’enjeu ? Réaliser une radiothérapie à la carte en fonction de la localisation de la tumeur, de son volume et de la dose que recevra le poumon sain dans le cas du traitement d’un cancer bronchique. Aussi « s’intéresse-t-on, de chaque côté de l’Atlantique, à la gestion de ces flux de données afin de disposer en permanence de cohortes et donc de mieux monitorer la qualité des soins ». D’autant qu’à peine 3 % des patients souffrant de cancers seraient aujourd’hui inclus dans des essais cliniques.
Radiothérapie mature
Des systèmes d’information intégrant à la fois l’imagerie, le dossier médical du patient, les données moléculaires, des informations médico-économiques issues du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI)… revêtent donc un intérêt fondamental. C’est d’ailleurs l’enjeu d’un projet développé conjointement par deux industriels – Philips et Elekta – et qui « vise à intégrer dans une IRM un accélérateur linéaire digital afin d’obtenir à la fois une visualisation des tissus mous, une image en 2D et en 3D en temps réel et une imagerie “non-ionisante” ».
Un projet qui s’inscrit dans la logique des évolutions dont a bénéficié la radiothérapie : « multiplier les portes d’entrée tout en concentrant les doses sur le volume cible et en les diminuant autour », explique Xavier Mirabel (Centre Oscar-Lambret de Lille).
Un intérêt majeur à l’heure où la radiothérapie stéréotaxique s’est généralisée et qu’à l’occasion d’un traitement de ce type des doses extrêmement fortes sont diffusées. En clair, « pour limiter la toxicité aiguë, il convient de tout mesurer avant et de tout baliser en définissant des limites de doses ». Conséquence : plus le besoin de précision augmente, plus la nécessité de disposer d’images intégrées devient importante. Et Xavier Mirabel d’ajouter : « Cette évolution doit également contribuer à réduire les faibles doses, en particulier dans un contexte pédiatrique et pour réduire le risque de cancer à long terme. » De là à justifier un coût huit à dix fois supérieurs…
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature