Nous avons un devoir d'humanité envers les animaux. Avec l'industrialisation, les méthodes d'élevage et d'abattage sont devenues intolérables. La considération pour les animaux est l'apprentissage du respect des hommes. Buffon disait " Ils dorment et nous veillons". Celui qui veille est responsable de ceux qui dorment.
Le loup n'est pas l'animal le plus agressif et le plus dangereux pour l'homme. En République démocratique du Congo (RDC) d’où je reviens (mission médicale), nous avons rendu visite à nos cousins les bonobos. Ils sont moins agressifs que les homo sapiens. On n'a jamais vu un bonobo tuer un autre bonobo. Ils résolvent toutes leurs tensions par des actes ou simulacres d'actes sexuels. On les appelle "les hippies d'Afrique" !
L'homo sapiens est sorti d'Afrique il y a cent mille ans. Il s'est dispersé en Europe, en Asie, en Océanie et en Australie. Quand nous allons en Afrique nous revenons chez nos ancêtres, que nous devons respecter. Nous sommes tous les descendants d'Africains. Nous n'avons plus besoin d'une idéologie politique, morale ou religieuse pour savoir que nous sommes tous frères.
Les requins tuent dix personnes chaque année ; les loups dix aussi ; les lions, cent, comme les éléphants ; cinq cent pour les hippopotames ; mille pour les crocodiles ; deux mille pour les ténias ; vingt-cinq mille pour les chiens (rage) ; cinquante mille pour les serpents… Le moustique est l'animal le plus agressif et le plus meurtrier pour l'homme, responsable de 750 000 morts humaines par an. L'homo "sapiens-demens" mérite aussi quelques applaudissements : 475 000 personnes tuées par la main de l'homme chaque année. (Nous ne parlons pas des guerres ou des accidents de voiture).
C'est une injure pour le loup de dire que "l'homme est un loup pour l'homme" ! Il y a beaucoup à dire sur l'Homme et son comportement dans la biosphère qu'il modifie à son seul profit, éradiquant, transformant les autres espèces vivantes.
Une nature propre, sans danger
Le Loup, comme toutes les autres espèces de « grande taille », carnivores de surcroît, est sous le couperet d'une disparition en tant qu'espèce sauvage. Son retour en France soulève le problème plus général de la cohabitation de la nature sauvage et de l'Homme dans ses activités d'exploitation des sols et des milieux, dans son expansion démographique, dans son obsession de la crainte du prédateur et de la peur des maladies transmissibles de l'animal à l'Homme.
L'Homme, jusqu'alors partie intégrante du règne Animal, est en passe d'entrer dans le règne de l'humain où la nature sera entièrement placée sous sa coupe par le développement faramineux des technologies et la maîtrise du gène. Les grands ongulés sont déjà devenus des espèces quasi semi domestiques, surveillés par avion, drones et autres technologies complexes de suivi… Les grands carnivores terrestres, ours, lynx, lion, panthère, tigre, loup… entrent peu à peu dans cette logique de gestion consistant à amener la nature à un degré total de domination par l'Homme.
Le loup ne pourra exister que confiné dans des espaces clos, réserves, parcs zoologiques surveillés où le public entrera, circulera pour « voir » l'animal « sauvage ». Le comportement de cette espèce est aujourd'hui probablement très différent de celui qu'elle avait alors qu'elle était sans cesse harcelée, pourchassée… La peur de l'Homme était alors transmise de génération en génération ce qui n'est plus le cas pour les loups occupant nos contrées depuis la fin du XXIème siècle. Les conséquences d'un contact entre l'animal et des individus humains ne peuvent être éludées et dépassent le problème des attaques sur les troupeaux.
La majorité des hommes et femmes veulent certes que soit conservée la nature mais une nature aménagée, contrôlée, propre, sans danger. Le Jardin planétaire est une réalité qui prend chaque jour forme. Ni le loup, ni l'ours, récemment revenus sur notre territoire national, ne pourront subsister longtemps en pleine liberté, mais parqués dans des espaces plus ou moins vastes.
Le monde change de plus en plus rapidement et nos petits enfants grandissent déjà dans un univers bien loin de celui que nous avons connu. Essayons de leur faire passer les valeurs de solidarité entre les peuples et de respect de la Vie.