Simone consulte car elle a noté depuis plusieurs semaines une tuméfaction solide au niveau de la partie supérieure de sa fesse gauche. Cette infirmière retraitée nous consulte rarement et toujours en urgence. Elle est adepte de l’automédication. et s’injecte fréquemment des AINS en IM du fait d’un tassement lombaire ancien d’origine traumatique. L’examen de la fesse permet de retrouver la présence d’une masse enchâssée dans le muscle fessier. Elle est mobile lors de sa manipulation. Une radiographie est faite et objective des calcifications en pop-corn au niveau du cadran supéro-externe de la fesse (clichés 1-2). Cette anomalie est à mettre en relation avec une calcification probable d’un hématome ; lequel a été secondaire aux IM effectuées.
LES COMPLICATIONS LIÉES AUX IM
1. Les problèmes mécaniques. Ils peuvent être liés à une fuite entre l’aiguille et la seringue. Ce phénomène est accentué par la pression exercée lors de l’injection du principe actif sur une zone où il est difficile d’injecter.
2. Le problème de saignements et d’hématomes secondaires à l’effraction d’une veine, et favorisé par la prise d’anticoagulants. L’administration d’un AVK contre-indique cette pratique. Lorsque l’hématome est important il peut persister, et donner une tuméfaction qui se calcifie secondairement (cas de Simone).
3. L’injection accidentelle d’un principe actif au niveau d’une artère. Le fait d’aspirer avec la seringue avant d’injecter ne permet pas d’avoir une certitude sur l’absence de cette complication.
4. Les lésions neurologiques liées à l’embrochage de nerfs lors de cette injection. Les nerfs radiaux et sciatiques sont ceux qui sont les plus atteints.
5. La douleur lors de l’injection qui survient dans près de 23 % des cas.
6. La formation d’abcès favorisé par l’inoculation malencontreuse d’une bactérie sur le site.
7. La nécrose musculaire au niveau du site d’injection. Elle peut être secondaire à une mauvaise tolérance au produit injecté, mais aussi à la toxicité du principe actif.
8. La formation d’une cicatrice au niveau du site d’injection. Elle est parfois secondaire à une mauvaise manipulation et au fait que le principe actif a eu un contact avec l’épiderme (cas de la cortisone qui peut donner dans ces cas une atrophie cutanée).
9. La fibrose musculaire qui est parfois la conséquence d’injections itératives sur un même site.
10. L’absence de résorption totale du principe actif qui donne une tuméfaction persistante. Ce phénomène est favorisé par la nature du principe actif, mais aussi par le lieu d’injection. Si une injection hypodermique est effectuée chez un sujet obèse, sa résorption sera plus difficile.
LES RECOMMANDATIONS DE BONNE PRATIQUE
1. Le matériel à usage unique a singulièrement réduit le nombre de cas d’infections ou d’abcès.
2. Le choix du diamètre de l’aiguille intramusculaire. En effet, lors de l’injection de certains neuroleptiques huileux, le diamètre des aiguilles doit être plus large (plus de 0,5 mm).
3. Se laver les mains avec du savon ou une solution hydroalcoolique (les gants ne sont pas nécessaires). Le site d’injection est désinfecté au préalable.
4. Le choix du site d’injection. Cinq muscles peuvent être utilisés : le deltoïde (épaule), le grand et moyen fessier, le vaste externe et droit antérieur au niveau de la cuisse. Le quadrant supéro-externe de la fesse ne devrait plus être utilisé. En effet, il expose à des risques de lésions du nerf sciatique et il vaut mieux privilégier le moyen fessier.
5. Avant l’injection, il est conseillé de purger la seringue pour éliminer l’air contenu dans la chambre.
6. En cas d’injections itératives, il est recommandé d’alterner les sites d’injections d’au moins 3 cm.
7. Pour réduire la douleur lors de l’injection, il faut bien choisir les principes actifs à injecter et informer le patient d’une possible douleur due à l’excipient. Certains auteurs préconisent de presser la zone à injecter (durant 10 secondes) avec le pouce pour éviter cette douleur.
8. La technique d’injection suivant le trajet en Z est recommandée. On effectue une traction de la peau avec la main disponible juste avant l’insertion de l’aiguille. Le but est d’éviter un alignement entre le trajet sous-cutané de l’aiguille avec le trajet intramusculaire. Ainsi, les principes actifs ne peuvent revenir à la surface de la peau et la douleur lors de l’injection est réduite.
9. On aspire en exerçant une traction sur le piston pour s’assurer d’une absence de reflux sanguin.
10. La vitesse d’injection n’a pas d’importance (la plus conventionnelle étant de 1 ml/10 secondes). En revanche, pour réduire les phénomènes douloureux, il est recommandé de laisser l’aiguille avant de l’enlever entre 5 et 10 secondes.
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