LES OMEGA-3 CONTRE LA PRÉMATURITÉ

Publié le 30/11/2018
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Aliments riches en omega-3

Aliments riches en omega-3
Crédit photo : GARO/PHANIE

Une nouvelle étude de la Cochrane (1) montre que l’apport d’oméga-3 à chaîne longue (les AGPICL oméga-3) à partir de la douzième semaine de grossesse réduit significativement de 11 % le risque d’une naissance prématurée avant 37 semaines. Il permet aussi de diminuer de 42 % la grande prématurité (avant 34 semaines de gestation).

Cette étude de la South Australian Health and Medical Research Institute (SAHMRI) vient enrichir le corpus des essais cliniques randomisés, réalisés avec les oméga-3. Il s’agit d’une mise à jour d’une revue publiée pour la première fois en 2006. La compilation de 70 essais d’apports d’oméga-3 alimentaires ou exogènes sur 19 927 femmes précise que l’apport d’acides gras polyinsaturés à chaîne longue DHA (acide docosahexaénoïque) et EPA (acide eicosapentaénoïque) diminue non seulement l’incidence des accouchements prématurés mais aussi le risque d’avoir un enfant de faible poids à la naissance (moins de 2 500 g). La prééclampsie maternelle pourrait être réduite de 16 % avec les AGPICL oméga-3 (RR 0,84, IC à 95 % de 0,69 à 1,01) mais ces données restent à confirmer.

L’effectif a inclus un large panel de femmes enceintes à risque faible, mixte ou élevé de grossesse difficiles. L’ensemble des essais a été conduit dans plusieurs pays à revenus intermédiaires. Onze d'entre eux ont reçu un financement de l’industrie. Toutefois, les conclusions de l’analyse restent cohérentes si on exclut le résultat de ces essais sponsorisés en termes de naissances prématurées et très prématurées.

→ Bien que certaines grossesses aient été prolongées par l’apport d’oméga-3 (2,6 % contre 1,6 %), il n’y a pas eu de différence sur le critère de déclenchement de la grossesse pour terme dépassé après 42 semaines. Côté tolérance, il n’a pas été rapporté d’évènements indésirables graves ou une plus forte incidence de dépression postnatale. Le développement intra-utérin était comparable entre les deux groupes.
Les essais étaient de qualité hétérogène mais les auteurs ont estimé que les données étaient probantes et de très haute qualité pour les critères d’évaluation périnatale (naissance prématurée et faible poids à la naissance) et de qualité moyenne sur certains critères comme l’admission en soins néonataux ou le dépassement de terme. Pour d’autres critères, la qualité était jugée plus aléatoire en raison des limites et imprécisions dans la méthodologie de certains travaux.

→ Il est désormais admis que la prématurité expose l’enfant à un surrisque de mortalité, de handicap ou d’affections graves. Ces résultats suggèrent que l’apport quotidien d’oméga-3 à chaîne longue par la femme enceinte à raison de 500 à 1 000 mg/jour à partir du quatrième mois de gestation pourrait diminuer le risque de morbimortalité infantile lié à la prématurité.

S’il n’y a pas d’intérêt à aller au-delà de 1 000 mg par jour, la dose préconisée semble difficile à atteindre par le seul régime riche en poisson gras. Il n’y a pas lieu de poursuivre cette supplémentation après la grossesse.

1- Middleton P et al. Omega-3 fatty acid addition during pregnancy. Cochrane Database 2018, Issue 11. Art. No.: CD003402.

Dr Muriel Gevrey

Source : Le Généraliste: 2853