En permettant des guérisons virologiques dans plus de 97 % des cas, en seulement quelques semaines, les anti-viraux directs (AVD) ont bouleversé la prise en charge et le pronostic des patients atteints d’hépatite C. Certaines données récentes suggèrent même que ces guérisons virologiques pourraient permettre une régression des lésions de fibrose.
Cependant, si l’éradication virale diminue fortement le risque de carcinome hépato-cellulaire (CHC) chez les sujets atteints d'une cirrhose associée au VHC, ce risque persiste après traitement et justifie de poursuivre un dépistage régulier.
→ Telle est la conclusion d’une étude prospective observationnelle réalisée à partir de la cohorte ANRS CO12 CirVir qui a inclus, entre mars 2006 et décembre 2012, 1 353 patients ayant une cirrhose virale C non compliquée. Ces sujets ont été suivis jusqu’en décembre 2016. Les chercheurs ont pu analyser l’incidence du CHC au cours des deux ères thérapeutiques successives : interféron (IFN) puis antiviraux directs (AVD). Les résultats publiés dans la revue Gastroenterology (1) confirment que le risque de CHC est fortement diminué après éradication virale, quel que soit le type de traitement (risque divisé par 4 environ). Cependant, il ne disparaît pas complètement, même avec les AVD (incidences cumulées du CHC à 3 ans de 5,9 %).
→ Ainsi, même guéris virologiquement, « les patients cirrhotiques, doivent bénéficier à vie d’une échographie tous les six mois », insiste le Pr Pierre Nahon, premier auteur de l’étude (hôpital jean Verdier, AP-HP). Pour les patients VHC non cirrhotiques, la guérison virologique signe en revanche la fin du suivi. Les patients “intermédiaires” qui ne présentent pas de cirrhose mais ont déjà une fibrose et des comorbidités type obésité, diabète ou alcool ne justifient pas d’un programme de dépistage du cancer du foie mais doivent bénéficier d’un suivi avec par exemple « un fibroscan 2 à 3 ans après l’arrêt du traitement ».
→ Au-delà du VHC, « toute cirrhose compensée, quelle que soit son origine, doit donner lieu à un suivi échographique régulier, même quand on contrôle la cause de la maladie, défend le Pr Nahon. Cela suppose un dépistage en amont des causes de maladies hépatiques (hépatites B et C, consommation d’alcool excessive et syndrome métabolique) mais aussi de la cirrhose avec les tests non invasifs ». Selon les estimations, la cirrhose toucherait environ 0,7 % de la population adulte française.
→ Cette étude apporte par ailleurs des réponses rassurantes quant à l’éventuel surrisque “paradoxal” de cancer du foie sous AVD, suggéré par certaines cohortes rétrospectives. Selon les auteurs, l’apparente augmentation de l’incidence des CHC observés chez les patients guéris par AVD par rapport à ceux sous IFN, peut s'expliquer par les caractéristiques des patients traités par AVD (âge, diabète, fonction hépatique réduite) et une moindre intensité de dépistage dans cette population. Une fois ces facteurs confondants pris en compte, les auteurs ne retrouvent aucune augmentation significative du risque de CHC associé aux AVD (HR 0,89).
1- Nahon P et al. Gastroenterology. 2018 Nov;155(5):1436-1450
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