Bras de fer en vue à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) : tous les syndicats appellent à une grève unitaire ce jeudi 21 mai contre le projet de réforme des 35 heures du directeur général, Martin Hirsch, un dossier explosif suivi de près par le gouvernement.
« Repos préservé, qualité des soins assurée », tel sera le mot d’ordre de cette journée de mobilisation décrétée par l’ensemble des syndicats représentatifs (CGT, SUD, CFDT et FO), accompagnés de la CFE-CGC, la CFTC et l’Unsa. La prise en charge des patients devrait toutefois être assurée dans les services d’urgences, tandis que des opérations programmées et non urgentes seront reportées.
La prudence de Touraine
Invités à se rassembler ce jeudi à 11 heures devant le siège de l’AP-HP, avenue Victoria, dans le 4e arrondissement de Paris, les grévistes convergeront en groupes depuis leurs hôpitaux respectifs. Ces derniers jours, de nombreuses assemblées générales se sont tenues avec de fortes participations dans les hôpitaux parisiens.
« La colère monte de tous les services, explique Rose-May Rousseau, de la CGT. À moins que le directeur n’accepte de retirer son projet et d’ouvrir des négociations sur de nouvelles bases, en incluant la question de la pénibilité et des embauches, nous resterons mobilisés ». La première réunion de négociations est prévue le 28 mai.
Très attentive à ce qui se passe à l’AP-HP, la ministre de la Santé Marisol Touraine a dit veiller à la « qualité » de la négociation entre les syndicats et la direction. « Moderniser, ce n’est pas remettre en cause les 35 heures », auxquelles le gouvernement est « fermement attaché », a-t-elle assuré cette semaine, rappelant que « chaque établissement est responsable de la manière dont il met en œuvre ce cadre ».
4 000 emplois en jeu
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a apporté son soutien à la mobilisation de jeudi, estimant que l’hôpital « est à la limite du burn out » et que la réorganisation du travail « ne se regarde pas sous le seul prisme des 35 heures ».
Dans un long courrier adressé le 19 mai à Marisol Touraine, Didier Bernus, secrétaire général de FO Santé, juge de son côté que la réforme en l’état « constitue une régression sociale sans précédent ». « En substance, ajoute-t-il, le message adressé aux personnels est "vous bénéficiez de trop de congés et de trop d’avantages" ».
Trente-huit établissements et 75 000 personnels (hors médecins) sont concernés par la réforme des 35 heures, qui pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2016. L’objectif affiché de Martin Hirsch est de gagner « par une autre organisation du travail au moins 20 millions d’euros par an », en évitant la suppression de plus de 4 000 emplois d’ici quatre ans.
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