60 ans après sa création, cela reste à la fois le fleuron de la médecine française et sa plaque tournante. Pourtant, à l’heure du virage ambulatoire – et même s’il gère encore près de 40 % des hospitalisations — le CHU n’est plus l’alpha et l’omega du système de soins. Le gouvernement en est conscient : si son plan « Ma santé 2022 » a fait l’impasse sur les centres hospitaliers universitaires, il a chargé ses acteurs de réfléchir à des recommandations qui seront présentées demain lors des Assises du secteur. La méthode en dit long sur la volonté du Pr Buzyn – pur produit de la méritocratie hospitalo-universitaire — de ménager le mastodonte. Alors que les plus iconoclastes rêveraient de revisiter ce modèle de la cave au grenier, les propositions de Poitiers seront probablement consensuelles. Elles devront néanmoins s’attaquer à cinq grands défis pour parer à l’essoufflement du modèle.
Budgétairement, la situation est d'abord difficile pour nombre de ces structures, ce qui les contraint à un grand écart douloureux pour financer leurs trois missions. Concernant les soins, le CHU va aussi devoir se réorganiser pour être davantage au diapason de la ville et des nouvelles prérogatives des GHT, et alors que la refonte de sa gouvernance interne est au programme. Il est attendu aussi sur l’enseignement, l’enjeu étant de répondre à l'afflux d'étudiants, qui impose d’élargir les lieux de stages extra muros et de rééquilibrer des effectifs universitaires, hétérogènes d’une région l’autre. Pas facile, alors que – même s’il y a moins bien dotés qu’eux- les 32 CHU sont confrontés malgré tout à un réel problème d’attractivité de leurs postes. Enfin, le recul de la recherche française au plan international impose d’organiser la riposte et sans doute de concentrer son leadership sur un petit nombre de CHU. Un chantier énorme… à la taille de ces géants hospitaliers.
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