LES DIRECTEURS GÉNÉRAUX de CHU ont profité des XIIèmes Assises hospitalo-universitaires (réunies à Lyon la semaine dernière) pour se choisir un nouveau représentant : Alain Hériaud succède, « dans la continuité », souligne-t-il, à Paul Castel pour présider durant trois ans leur Conférence nationale (1).
Pilote du CHU de Bordeaux depuis 13 ans, Alain Hériaud, 64 ans, a commencé sa carrière de cadre hospitalier au Centre hospitalier de Chartres. Il est passé par les hôpitaux d’Agen, de Marmande et d’Amboise avant de rallier Bordeaux en 1986. Il est par ailleurs administrateur de la Fédération hospitalière de France (FHF) et préside le conseil d’administration de la Société hospitalière d’assurances mutuelles (SHAM). À la Conférence, il revêt ses nouveaux habits de président avec un « enthousiasme » qu’il espère contagieux et affiche un esprit de conciliation : « Je souhaite travailler, explique-t-il au « Quotidien », en lien avec les autres Conférences – notamment des doyens et des présidents de CME. Il y a eu des turbulences dans le cadre de la loi HPST [Hôpital, patients, santé et territoires, dont le volet « gouvernance » a créé des tensions entre les médecins et les directeurs dans les hôpitaux, NDLR], il faut que tout cela se normalise. »
L’appareil dont il prend les manettes, Alain Hériaud le voit d’abord comme « une force de proposition vis-à-vis des pouvoirs publics ». Ceci dans un contexte bien particulier. Invité à dévoiler ses priorités pour les CHU, leur nouveau « porte-parole » en retient trois. La première est « économique ». « Combler les déficits des hôpitaux est une préoccupation – légitime – pour l’État. Nous sommes nous-mêmes convaincus qu’il faut agir dans ce sens mais nous mettons en garde contre les mesures contre-productives. » Lesquelles ? « Les sanctions de l’assurance-maladie faites à la suite d’erreurs de codage sont un exemple, répond Alain Hériaud. Si fautes il y a, elles ne sont pas volontaires. Le procès qui nous est fait est à la fois irritant et surtout dommageable : quand dans le cadre du retour à l’équilibre, vous faites de gros efforts pour réaliser 20 millions d’euros d’économie et que l’assurance-maladie vous réclame la même somme pour des erreurs de codage, il n’y a rien de tel pour que les médecins baissent les bras ! » Pragmatique et visiblement à l’aise pour parler « sous », le nouveau président affiche sa vision des choses : « Faire des économies n’est pas un objectif en soi mais une condition nécessaire pour porter nos projets. »
Vigilance.
Deuxième priorité : le suivi du plan Hôpital 2012. « Il y a, dans ce cadre, des opérations d’investissement sur lesquelles nous comptons,fait valoir Alain Hériaud. Or sa 2e tranche se fait attendre. » Les CHU attendent les subsides promis pour la fin du premier semestre de 2011 ; ils seront très « vigilants » sur ce calendrier. Enfin, le nouveau président est sur le qui-vive en matière de recherche : « Avec les universités, nous avons tout intérêt à unir nos forces afin d’avoir un positionnement meilleur sur ce dossier. Nous devons faire mieux et nous devons être plus visibles vis-à-vis des investisseurs – arrêtons à ce sujet de considérer que le monde industriel est une espèce de repoussoir car si on met les bonnes barrières là où il faut, nous pouvons travailler ensemble ! »
Et la formation médicale initiale, dont des experts de plus en plus nombreux demandent la révision ? « Il faut que nous nous préparions », admet Alain Hériaud qui met déjà en garde contre toute velléité de « saucissonnage » des études médicales – « la formation, c’est un tout, un continuum » – et insiste sur le caractère public du processus. « Le cœur de cette formation doit rester à mon avis dans le service public. Parce que cette formation est publique : un étudiant qui s’inscrit en médecine paie des frais d’inscription qui n’ont rien à voir avec ceux que verse un étudiant en école de commerce. Pas du tout parce que ses études coûtent moins cher mais parce que c’est l’État qui investit. » Le président en profite pour affirmer son attachement au concept du CHU : « C’est une superbe construction et on a dit peut-être un peu trop vite que la réforme de 1958 était has been. »
(1) La nouvelle directrice de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Mireille Faugère, fait en tant que vice-présidente son apparition au bureau de la Conférence des DG de CHU. Les deux autres vice-présidents (ils sont trois en tout) sont Philippe Vigouroux (CHU de Nancy) et Christiane Coudrier (Nantes).
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