L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), premier CHU de France et d'Europe, a définitivement perdu 80 millions d'euros de factures suite à un énorme bug informatique en 2011, selon un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC), éventé par « le Canard Enchaîné » dans son édition de mercredi.
Dans ce rapport portant sur la gestion de l'AP-HP depuis 2010, la chambre régionale des comptes épingle la perte de « l'ensemble des informations nécessaires pour facturer et relancer les patients qui n'avaient pas encore payé », révèle l'hebdomadaire satirique. Cette perte est intervenue suite au transfert de la comptabilité vers un nouveau logiciel de gestion financière en 2011.
Le total de ces créances s'élevait même à 138,5 millions d'euros, mais une partie était « juridiquement éteinte », cite l'hebdomadaire. Le reste, soit 80 millions d'euros, a « réellement disparu » et « peut être considéré comme une perte réelle et définitive par l'établissement », selon la chambre régionale des comptes.
Bascule informatique
Face à ces révélations, l'AP-HP a décidé de rendre public ce mercredi, plus tôt que prévu, le rapport de la chambre régionale des comptes. L'institution dirigée par Martin Hirsch (depuis novembre 2013) affirme dans un communiqué que la perte définitive de 80 millions d'euros « résultant d'une bascule informatique réalisée en 2011 » a été « inscrite de manière transparente dans les comptes 2014 adoptés par le Conseil de surveillance en 2015 ». Le CHU francilien précise aussi que cette somme correspondant à des créances constituées entre 2001 et 2010 « doit s'apprécier au regard du volume des recettes annuelles de l'AP-HP – soit 7,3 milliards d'euros ».
Il n'empêche : l'affaire tombe très mal au moment où les hôpitaux publics sont invités à intensifier leurs efforts d'économies. « 80 millions, c’est 4 500 infirmiers et aides-soignants à l’année, ils seraient bien utiles dans nos établissements », dénonce SUD santé AP-HP.
La rémunération hors norme d'une ex-DG
Dans un autre registre, le rapport de la chambre régionale des comptes s'est intéressé à la rémunération de l'ancienne dirigeante de l'AP-HP, Mireille Faugère (2011-2013), aujourd'hui conseillère maître à la Cour des comptes. « Le recrutement d’une directrice issue du secteur de l’entreprise à la fin 2010, a donné lieu à des écarts de rémunération. Leur impact financier pour l’établissement, qui en a supporté le paiement, a été d’environ 530 000 euros, peut-on lire en synthèse. En outre, certaines règles de non-cumul d’activité n’ont pas été respectées. »
Selon le rapport, la rémunération de l'ancienne directrice générale s’est élevée à un peu moins de 300 000 euros brut par an, montant supérieur de 50 % à la rémunération des directeurs généraux fonctionnaires, en poste en début et fin de période, de l’ordre de 200 000 euros par an. En outre, lors de son départ, Mireille Faugère a touché une prime de 125 000 euros brut, bien au-delà de l’indemnité de licenciement qui aurait dû être de 25 881 euros net, selon la CRC.
L’AP-HP, organisé en douze groupes hospitaliers pour un total de 39 hôpitaux (21 000 lits), est le premier employeur de la région avec 92 000 agents.
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