L’ASSISTANCE publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), pour d’historiques raisons, est à la tête d’un véritable empire immobilier. Il convient, pour y voir clair, de distinguer le patrimoine public, celui consacré aux soins, du patrimoine privé. Le patrimoine public de l’AP-HP, c’est 700 bâtiments, 3,5 millions de mètres carrés, et 9 milliards d’euros de valeur de remplacement (le chèque qu’il faudrait signer pour tout reconstruire). Le domaine privé de l’AP-HP est plus vaste encore, 903 hectares, aux trois quarts des terres agricoles, bois et forêts. Sans oublier les logements, près de 11 000. Valeur vénale de l’AP-HP hors soins : 12 milliards d’euros.
Les Hospices civils de Lyon ont lancé un audit pour dresser leur propre inventaire. Le patrimoine des HCL, plus gros propriétaire lyonnais, est estimé à 600 millions d’euros hors bâtiments hospitaliers. Que faire de ces immeubles, lots de copropriété, et autres terrains urbains et ruraux ? À Paris comme à Lyon, un même impératif : maintenir le logement social, outil de fidélisation du personnel. Et un même objectif, en rupture avec les habitudes passées : lancer une politique offensive de valorisation du patrimoine. Pour Paul Castel, directeur général du CHU lyonnais, la démarche doit rimer avec assainissement des comptes : « Le retour à l’équilibre financier des HCL, prévu fin 2012, se fera grâce à trois leviers : la maîtrise de la masse salariale, les aides de l’État, et la valorisation de notre patrimoine. La hausse des loyers [perçus par les HCL, NDLR] et les cessions à venir doivent nous rapporter 130 millions d’euros d’ici à 2013 ». Le CHU se fait épauler par un cabinet de conseil dans sa nouvelle démarche. Payante : les HCL ont vendu une vingtaine de biens l’an passé, et les loyers encaissés ont grimpé de 14 %.
Suivant la même logique, l’AP-HP s’apprête à accélérer les cessions. Les hôpitaux Laennec et Boucicaut ont été vendus. Pour Saint-Vincent-de-Paul et Broussais, l’affaire est en cours. L’Hôtel-Dieu, lieu symbolique s’il en est, ne sera pas cédé, mais transformé en pôle universitaire ; sa mise aux normes aurait été trop coûteuse. Le patrimoine privé de l’AP-HP, lui aussi, s’allège petit à petit. L’institution s’est déjà délestée du théâtre Mogador, d’un hôtel parisien, et bientôt du château de Cercamp dans le Pas-de-Calais. Le siège historique de l’avenue Victoria pourrait également être rapidement mis en vente. Stupeur et émoi du personnel quand la nouvelle est tombée ces jours-ci. « Les syndicats disent qu’on brade les bijoux de famille, je dis non : les ventes aident à rénover le bâti hospitalier », expose Benoît Leclercq.
Seuls 39 % des bâtiments hospitaliers de l’AP-HP sont en état satisfaisant. Le quart des surfaces est en état assez dégradé. L’argent devra donc couler à flot pour retaper les 37 hôpitaux de l’établissement. Une estimation du siège chiffre à 3,3 milliards d’euros, le coût total des rénovations et remises aux normes nécessaires. « L’AP-HP a beaucoup de surface, ce qui fait qu’elle dépense trop pour l’entretien, commente le directeur général, Benoît Leclercq . La tendance architecturale est aux hôpitaux rues, mais peut-être va-t-on revenir aux hôpitaux tours dans les grandes villes compte tenu du prix du mètre carré. Construire du neuf, c’est la réponse aux surcoûts engendrés par les locaux vieillissants. »
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