C'est le premier candidat officiel à la présidence de la Fédération hospitalière de France (FHF), après que Frédéric Valletoux a officialisé son départ, qui interviendra le 21 septembre au terme de 11 ans de mandat.
Maire de Reims (Horizons) et président de la FHF Grand Est, Arnaud Robinet – qui n'est pas médecin mais praticien hospitalier en pharmacologie – annonce au « Quotidien » les raisons de sa candidature à la tête du puissant lobby hospitalier, ses priorités et sa volonté de « ne pas opposer public et privé ».
LE QUOTIDIEN : Pourquoi êtes-vous candidat à la présidence de la FHF ?
ARNAUD ROBINET : Quand Frédéric Valletoux a annoncé qu’il ne se représentait pas, pour des raisons qui lui sont propres, je lui ai dit que je voulais m’inscrire dans la lignée des actions qu’il a menées depuis 11 ans. J’ai la conviction que notre système de santé et nos établissements se trouvent à un moment décisif de leur histoire.
Nous sommes confrontés à des défis immenses. Une adaptation de notre système de santé est indispensable. La FHF se doit d’être présente, de faire des propositions, d’accélérer la défense de l’hôpital public. Les enjeux sont extrêmement importants dans les domaines suivants : prévention, santé publique, finances, adaptation de notre société au vieillissement, recherche et innovation, transition écologique… Nous devons prendre ces défis à bras-le-corps. Je souhaite que l’on ne soit pas simplement des observateurs de cette évolution, que l’on ne se laisse pas imposer cette transformation, mais qu’on en soit de véritables acteurs.
J'ajoute qu'il n’est pas question pour moi d’opposer public et privé, chacun a ses spécificités. Le dialogue doit être intense et permanent avec les autres fédérations, comme la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), mais aussi avec les syndicats de médecins libéraux, les syndicats et les Ordres paramédicaux. Nous sommes tous confrontés aux mêmes difficultés et on sera d’autant plus fort si nous pouvons dialoguer, échanger pour défendre le système de santé. Nous n’avons plus les moyens de se regarder en chiens de faïence.
Justement, Frédéric Valletoux a parfois entretenu des relations conflictuelles avec les médecins libéraux en les bousculant sur la liberté d'installation ou les gardes obligatoires. Agirez-vous différemment ?
Chacun a sa personnalité. Frédéric Valletoux a voulu mettre un coup de pied dans la fourmilière pour faire bouger les lignes. Il l’a peut-être fait de manière provocante, mais c’était nécessaire. De mon côté, j’appelle à un dialogue constructif entre les différentes parties prenantes. Quand on parle du système de santé, on parle certes de l’hôpital public, mais sa transformation ne peut pas se faire de façon isolée. Il faut faire attention à l’hospitalocentrisme, car l’évolution de l’hôpital s'opérera forcément en adéquation avec l’évolution de la médecine de ville et des cliniques privées.
Le côté bénéfique de la crise sanitaire, c’est que l’on a renforcé le rôle des territoires, notamment celui des élus locaux. Il y a eu le fameux duo maire-préfet, on a renforcé les liens des élus avec les établissements de santé. Sur mon territoire, à Reims, il y a eu une véritable coopération entre le public et le privé. La pandémie a accéléré ces coopérations. Une complémentarité s’est mise en place pour la prise en charge des patients Covid. Il faudra continuer dans cette direction.
Quel est votre point de vue sur la permanence des soins et la liberté d'installation ?
La permanence des soins est évidemment un vrai sujet. Mais il faudra être attentif à ce qui se fait en région, car les territoires sont totalement différents. Concernant la liberté d’installation, je l’ai toujours défendue lorsque j’étais parlementaire, je ne suis pas pour la contrainte. Je pense aussi que la jeune génération de médecins libéraux a bien conscience des difficultés. Mais il faut aussi les laisser se réorganiser, entendre leurs propositions. Ce n’est pas en caricaturant, en opposant les uns les autres que nous pourrons trouver des solutions complémentaires, entre l’hôpital public, la médecine de ville et les cliniques.
Quels sont les maux les plus graves dont souffre l'hôpital ? Le manque d'attractivité médicale ? Une gouvernance inadaptée ? La tarification à l'activité ?
Pour moi, ce n’est pas la T2A qui pose problème ! Certains veulent la supprimer, comme le président de la fédération des Hauts-de-France. Je n’y suis pas favorable, car cela serait la mainmise des pouvoirs publics et de l’État sur le financement des hôpitaux. On serait alors pieds et poings liés.
La priorité pour moi, c’est le recrutement. Au-delà de la question de la rémunération des soignants, il faut résoudre la problématique des conditions de travail et de la qualité de vie au sens large. Il faut faire confiance aux jeunes médecins, s‘adapter à leurs besoins, à leurs envies. Pour renforcer l’attractivité, il faut aussi mettre en place un véritable partenariat avec les territoires.
Si le conseil d’administration de la FHF me fait confiance, je renforcerai les liens entre nos fédérations régionales. Il n’y a pas de recette miracle, mais il se passe des choses extrêmement importantes dans nos régions, en termes d’innovation, d’expérimentation, de dispositifs mis en place. On doit en faire profiter l’ensemble du système de santé.
Qu’attendez-vous du Conseil national de la refondation installé hier par Emmanuel Macron ?
C’est une instance où les différents acteurs du système de santé vont pouvoir échanger, mais attention de ne pas perdre trop de temps et de ne pas rentrer dans une usine à gaz ! Il y a une très forte attente du milieu hospitalier et de l’ensemble des acteurs du système de santé. J’entends parfois dire que le CNR va nous permettre d’entendre les aspirations des Français. Mais on sait déjà ce qu’ils attendent ! Ils ont voté aux dernières élections présidentielles et législatives, et on a bien vu que la santé était l’une de leurs trois premières priorités. Ce qu’ils réclament, c’est un accès aux soins, une offre de soins et une prise en charge de qualité sur l’ensemble du territoire.
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