Parallèlement au coup d'envoi officiel du déploiement du plan « Ma Santé 2022 », la Fédération hospitalière de France (FHF) a dévoilé une série de pistes visant à améliorer l'attractivité à l'exercice médical hospitalier. Face aux tensions en termes de démographie médicale, elle appelle de ses vœux un « réel choc d'attractivité ».
Sous la forme de vingt propositions articulées autour de trois axes (stratégie par les territoires, promotion de l'exercice hospitalier et formation), le document adopté par le CA de la FHF pointe la « nécessité de créer les conditions d'une réelle attractivité, assumée politiquement, et donc financièrement ».
Diminuer les écarts avec le secteur libéral
La meilleure reconnaissance de l'exercice hospitalier est érigée en priorité. Pour diminuer les écarts de rémunération avec la médecine libérale et minorer le recours à l'intérim, la FHF veut discuter la valorisation de certains actes libéraux jugés « surévalués ». Cette réduction de « l'asymétrie avec l'exercice libéral » devra s'accompagner d'un « partage des contraintes liées à la permanence des soins et aux soins non programmés » et d'une revalorisation de la grille statutaire hospitalière.
Rémunération toujours, la FHF souhaite ouvrir la possibilité aux prescripteurs hospitaliers d'émarger à la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) dans le cadre d'un engagement d'équipe sur un territoire afin de développer les pratiques communes ville/hôpital.
Côté carrières, la FHF s'empare d'une revendication de plusieurs syndicats de praticiens hospitaliers : la création d'un statut unique de PH. L'objectif ? Renforcer la mixité d'exercice ville/hôpital et faciliter la mise à disposition des médecins vers une structure de soins privée. Plusieurs préconisations visent à fluidifier les carrières des PH comme la suppression de la période probatoire obligatoire pour les assistants ou chefs de clinique titularisés dans leur hôpital ou encore la prise en compte de l'ancienneté d'un médecin libéral voulant embrasser une carrière hospitalière.
Management médical et cartographie des RPS
La FHF veut développer « une véritable politique de management médical ». Elle propose la mise en place de formations au management d'équipe pour les médecins.
En parallèle, pour recentrer les praticiens sur leur cœur de métier, elle encourage le déploiement des pratiques avancées et le déverrouillage du régime des protocoles de coopération entre professionnels de santé (COOP-PS). Jusqu'à présent pour permettre la délégation et le transfert de compétences entre professionnels, un avis formel favorable de l'ARS ou de la Haute autorité de santé (HAS) est requis. La FHF propose qu'un silence de plus de deux mois de l'une de ces deux instances soit considéré comme un avis favorable.
La mise en place, à terme, d'une « cartographie des risques psychosociaux [RPS, NDLR] » figure aussi parmi les propositions de la FHF. Un système de repérage et de prise en charge des RPS devra faire l'objet d'un travail entre le président de commission médicale d'établissement (CME), la direction de l'établissement et le doyen quand il s'agit d'un CHU. Pour couronner le tout, la FHF veut « organiser une visite médicale annuelle pour tous les médecins, ou a minima s'assurer que les médecins hospitaliers ont déclaré un médecin traitant ».
États généraux de la démographie médicale
La FHF propose de mettre en place, pour chaque territoire, des stratégies de recrutement « définies au plus près des besoins des établissements et des professionnels ».
Sur la base du projet médical partagé de chaque groupement hospitalier de territoire (GHT), les acteurs – établissements, facultés, représentants des organisations étudiantes, agences régionales de santé, et conseil régional – devront élaborer « une gestion prévisionnelle des emplois et compétences médicales ». Elles prendront appui sur les conférences hospitalo-universitaires pour faire connaître aux responsables des différents diplômes d'études spécialisées (DES) les besoins du territoire.
Ces travaux pourront ensuite servir de base aux ARS pour l'organisation d'états généraux de la démographie médicale au niveau régional puis national.
Davantage de stages dans les CH
Côté formation enfin, la FHF veut harmoniser entre les régions la mise en œuvre des réformes pédagogiques pour équilibrer la répartition des stages entre la ville et l'hôpital et entre les CH et les CHU. Ainsi, plus de stages de second cycle seront proposés dans les CH « qui ont une réelle plus-value pédagogique et en termes d'apprentissage clinique et technique ».
Pour préparer les futurs médecins au travail d'équipe, le décloisonnement des formations est réclamé grâce à la mise en place de « cours ayant trait à l'éthique, à la déontologie, aux compétences communicationnelles et à la réflexivité sur les normes et les valeurs dans le soin » communs entre plusieurs métiers.
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