La troisième édition du CHU Healthtech Connexion Day, organisée par la conférence des directeurs généraux de CHU et France Biotech, se tiendra à Lille lundi prochain, 2 décembre. Le succès grandissant de ces rencontres témoigne du rôle déterminant des CHU dans l’innovation. Des guichets uniques ont été créés dans les trois quarts des CHU.
Ces derniers « entretiennent un lien étroit avec l’économie entrepreneuriale de leur territoire », explique Philippe El Saïr, président de la conférence des DG de CHU et directeur du CHU de Nantes. Pour preuve, 88 % d’entre eux déclarent collaborer directement avec des start-up, des PME ou des plus grandes entreprises, selon une enquête réalisée par la conférence des DG de CHU. Un quart de ces établissements ont même pris des participations dans des jeunes pousses.
Parallèlement, une bonne douzaine de tiers lieux dédiés ont été déployés au sein des CHU pour tester les innovations. De surcroît, l’ensemble des CHU ont développé des entrepôts de données de santé (ou sont en passe de le faire). Plusieurs établissements sont engagés par ailleurs dans des projets de « quartiers de l’innovation en santé », comme le quartier de la santé à Nantes, MedVallée à Montpellier, Biodistrict à Lyon, Eurasanté à Lille, etc.
Sur le terrain, les CHU sont assaillis de demandes de projets, parfois plusieurs par semaine. « Il faut faire des choix. Parfois on nous sollicite pour des sujets pas du tout innovants », nuance Florence Favrel-Feuillade, présidente de la commission recherche et innovation de la conférence des DG de CHU et directrice du CHU de Brest. Les staffs innovation permettent la mise en contact rapide dans des rapports BtoB. Les entreprises qui interviennent dans le cadre de ces tiers lieux, au sein des CHU, expriment par exemple leurs besoins en données ou en évaluation clinique.
Depuis une dizaine d’années, ce sont souvent d’anciens chercheurs ou hospitalo-universitaires ayant exercé dans les CHU qui ont créé des start-up et cherchent à commercialiser leurs produits. Les hôpitaux sollicités identifient alors des services, départements et acteurs experts en mesure de les accompagner.
Les médecins, « sponsors des solutions »
Les profils qui exercent dans ces guichets innovation au sein des CHU sont variés : ergonomes, ingénieurs biomédicaux, paramédicaux et cadres de santé, mais aussi médecins, par exemple un psychiatre et un rhumatologue au CHU de Brest. Outre la recherche, leur mission est de mettre en contact les dirigeants de start-up avec les soignants concernés, notamment les médecins spécialistes. Ces derniers peuvent codévelopper les solutions et les tester ensuite dans leurs départements, avant d’accompagner leur diffusion dans d’autres services. Exemple dans ce même CHU avec Oxyledger, une solution logicielle qui facilite la traçabilité des dispositifs médicaux au bloc. Elle a été développée par le service d’orthopédie qui se charge de la diffuser dans les autres services. « Le rôle du médecin est primordial pour promouvoir l’innovation à l’extérieur de son service, au sein de son hôpital pour d’autres disciplines, et même dans d’autres établissements hospitaliers », confirme Florence Favrel-Feuillade.
Le guichet unique innovation est un GPS qui nous permet de naviguer dans cet écosystème réglementaire complexe et diffus
Maximilien Vermandel, président d’Hemerion Therapeutics
La sélection des dossiers est un impératif car les « CHU ne peuvent pas tout financer », ajoute Frédéric Boiron, DG du CHU de Lille. Les dispositifs financés ne relèvent d’ailleurs pas que de la tech : par exemple, les greffes d’îlots de Langerhans du pancréas dans le diabète ont été soutenus par cet établissement avec un financement dédié, tant qu’il n’y avait pas de tarif…
Les entrepreneurs semblent trouver leurs comptes dans cette forme de guichet unique. « C’est un GPS qui nous permet de naviguer dans cet écosystème réglementaire complexe et diffus, entre les offices de transfert de technologies, les services d’innovation… », commente Maximilien Vermandel, cofondateur et président d’Hemerion Therapeutics, une start-up créée en 2020, qui propose une thérapie photodynamique pour traiter le glioblastome.
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