L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a rendu publique ce lundi 5 mai sa déclinaison du plan Cancer III lancé en février par François Hollande, qui s’articulera avec le projet d’établissement pour 2015-2019. Élaborées en trois mois par le groupe de travail présidé par le Pr Serge Uzan, ces propositions ont pour objectif de faire de l’AP-HP « le bon élève du plan cancer : notre mot d’ordre est de réduire tout risque de perte de chance pour les patients », a déclaré son directeur général Martin Hirsch.
Question méthode, chaque mesure du 3e plan Cancer a été scrupuleusement analysée par le groupe de travail, qui en a tiré un engagement, une action, et un indicateur, destiné à une évaluation future, par un observatoire indépendant de suivi, composé d’usagers et d’élus.
« On se demande souvent quel modèle est le plus pertinent : un centre de lutte contre le cancer (CLCC) ou un CHU ? Les deux ! L’AP peut parvenir à avoir 3 CCLC, chacun équivalent à l’Institut Gustave-Roussy, un modèle dans le genre », répond le Pr Serge Uzan. L’AP-HP traite chaque année 50 000 patients atteints de cancer de tout type, dont 32 000 nouveaux cas, soit 40 % de l’activité totale d’Ile-de-France.
3 clusters et un label, pour une meilleure territorialisation
Pour améliorer la visibilité et l’attractivité de l’AP-HP en cancérologie, le groupe de travail propose un label « cancer AP-HP », qui serait octroyé aux centres intégrés (CIN) et experts (CEX) ainsi qu’à toutes les structures hors AHP qui conventionneront, sur la base d’un cahier des charges très exigeant, avec les clusters. Là est l’autre proposition majeure pour renforcer la logique territoriale : une organisation en 3 clusters, Nord, Sud-Ouest et Sud-Est (selon le découpage de l’agence régionale de santé), qui seraient autant de fédérations de structures labélisées, « une émanation des 8 CIN et des 41 CEX, pas une couche supplémentaire », assure le Pr Uzan. Ces clusters atteindront les masses critiques pour l’organisation des parcours de soins et l’optimisation de la recherche clinique, avec 10 000 à 12 000 nouveaux patients chacun. Ils devraient permettre à l’AP-HP d’être un animateur territorial.
Reconstruction mammaire systématique sans reste à charge
Autre axe de réflexion, le parcours patient se veut global et personnalisé, avec deux engagements : « ne jamais laisser le patient seul face à son parcours de soin et l’accompagner dans un projet de vie, non dans une lutte pour la survie », énonce le Pr Uzan. Concrètement, l’AP-HP s’engage à généraliser le dispositif d’annonce, le programme personnalisé de soins et le programme personnalisé de l’après-cancer. Des infirmières de coordination seront généralisées dans tous les services, et le métier d’infirmière clinicienne en cancérologie sera développé. La méthode du « patient traceur » sera privilégiée pour contrôler la qualité et les délais de la prise en charge. L’AP-HP entend capitaliser sur son expertise en oncofertilité et en chirurgie réparatrice. « Nous proposerons une reconstruction mammaire systématique sans reste à charge, après mastectomie », a illustré le Pr Uzan.
Enfin, un institut de formation dédié aux patients et aux usagers pourrait être créé à l’Hôtel-Dieu.
Objectif : 50 % d’ambulatoire
François Hollande en a fait un axe majeur de son 3e plan. L’AP-HP traduit l’exigence d’innovation dans son ambition de faire passer l’ambulatoire de 10 à 50 % des prises en charge et de développer la chimiothérapie ambulatoire et orale. « La personnalisation des traitements est cruciale » a également insisté le Pr Uzan, annonçant le développement de la génétique, de la biologie moléculaire, ou des recherches en imagerie interventionnelle. En termes de dépistage, est préconisée la création de centres d’identification et de prévention du risque de cancer (CIPRC).
L’AP-HP s’engage enfin à augmenter l’efficience de la recherche autant fondamentale, translationnelle que clinique par la création d’un guichet unique. Les deux premiers volets devraient s’articuler autour de programmes de recherche communs au sein du cancéropôle Ile-de-France, tandis que la troisième pourrait tirer profit de la création d’une entité cancer dans le département de la recherche clinique et développement (DRCD).
Aucun chiffrage des investissements n’a été avancé. Martin Hirsch a précisé que 17 millions d’euros étaient d’ors et déjà consacré aux investissements pour lutter contre le cancer en 2014.
Agnès Buzyn, présidente de l’Institut national du cancer a salué « l’engagement proactif, dynamique et exhaustif de l’AP-HP pour le plan Cancer III : cela devrait encourager tous les autres opérateurs de soins », a-t-elle déclaré.
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