« Les politiques publiques ont poussé depuis plus de dix ans les personnels hospitaliers à faire toujours plus, avec toujours moins de moyens », a déploré ce lundi le Dr Olivier Milleron, porte-parole du collectif inter-hôpitaux (CIH). Le cardiologue participait au lancement de la campagne du « Printemps des services publics » qui vise à mettre ce sujet au cœur du débat présidentiel. Au total, une cinquantaine d’organisations – dont Médecins du Monde, Notre affaire à tous, ATD Quart Monde ou le Syndicat de la magistrature – et plus de 300 personnalités ont déjà rejoint cette campagne.
À l’origine de cette initiative, les collectifs « Convergence nationale des services publics » et « Vive le service public », mais aussi « Nos services publics », qui avait mené une étude sur la perte de sens au travail des agents du service public. Pour Arnaud Bontemps, son cofondateur et porte-parole, cette campagne vise à « alerter sur le point de rupture atteint dans le service public et l’urgence de le réinventer ».
Perte de chance « intolérable » pour les patients
Une enquête sera réalisée auprès des citoyens, sous la forme d’un questionnaire en ligne, pour recueillir les témoignages et attentes vis-à-vis du service public, mais aussi leur sentiment sur « la dégradation ou les progrès dans les dernières années ». Le 19 mars, veille du printemps, une journée de débats et d’échanges sera organisée dans plusieurs villes de France entre agents, citoyens et intellectuels.
Le CIH participera activement à cette opération car la situation de l’hôpital public est « critique », a encore alerté ce lundi le Dr Milleron. La raison ? « L’accès aux soins de qualité pour tous n’est plus possible car l’ensemble des hôpitaux français manquent de personnel », constate le cardiologue de Bichat (AP-HP). Et d'ajouter que des services d’urgences continuent à fermer, ponctuellement ou définitivement, tandis que de « très nombreux blocs opératoires sont à l’arrêt » et que la psychiatrie est « exsangue ». Conséquence, il existe « une perte de chance pour les patients, ce qui est intolérable dans la cinquième puissance économique mondiale », alerte le porte-parole du CIH.
Le spectre du système américain
Alors que, selon plusieurs sondages, le système de santé se hisse sur le podium des priorités des Français, « ces préoccupations n’apparaissent pas dans le débat électoral », regrette le Dr Milleron, qui réclame « un changement de paradigme ». « La santé n’est pas un marché, l’hôpital n’est pas une entreprise, la rentabilité et le profit ne peuvent pas être les valeurs d’un système de soins au service de l’intérêt général, résume-t-il. Le scandale des Ehpad privés vient de nous montrer douloureusement ».
Et le spécialiste de mettre les pieds dans le plat. « Veut-on conserver un système solidaire et le réformer, avec l’objectif de plus de soins pour tous à moindre coût pour la collectivité ? Ou veut-on un système privé et inégalitaire financé par les assurances à but lucratif, dans lequel l’hôpital public deviendrait un hospice pour ceux qui n’ont pas de ressources ? » C’est ce système « inégalitaire » qui, souligne le CIH, « a conduit, pour la première fois en temps de paix, à une baisse de l’espérance de vie aux États-Unis ». Un recul principalement lié à la crise du Covid, qui a davantage touché les minorités, mais aussi à l'aggravation de la crise des opiacés.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne