Il n'est pas si fréquent qu'un rapport aussi dense (150 pages) et sensible soit salué par la profession. Les représentants des médecins estiment en tout cas que leurs propositions pour maîtriser les arrêts maladie ont été entendues par la mission Bérard/Oustric/Seiller. Parfois taxés de complaisance, les prescripteurs apprécient de ne pas être stigmatisés comme responsables de la dynamique des dépenses d'IJ.
« L'augmentation des arrêts de travail n'est pas mise sur le dos des prescripteurs, souvent rendus coupables de cette hausse », se félicite le Dr Jean-Paul Ortiz, à la tête de la Conf' pour qui l’accroissement des arrêts maladie est d’origine multifactorielle (vieillissement, conditions de travail). « Cet état des lieux montre les limites de la politique de pression et de contrôle des prescripteurs décidée par le législateur et exercée par l’assurance-maladie », analyse MG France. En août dernier il est vrai, Agnès Buzyn avait estimé que 15 % des arrêts étaient inappropriés, voire « des abus ». « Le médecin prescripteur, ce n'est pas lui paye », avait alors taclé la ministre.
Maintenir le lien
L'accent mis sur la prévention de la désinsertion professionnelle et les alternatives à l’arrêt de travail « sec » (temps partiel ou télétravail) est applaudi. « Il faut maintenir le plus possible le lien avec le travail du salarié, son entreprise, souligne le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Une reprise progressive avec un temps partiel thérapeutique ou le télétravail est dans l'intérêt des patients arrêtés. »
« Pour nous, généralistes, c'est la préoccupation n°1 quand il y a des arrêts prolongés. Il faut agir plus vite pour prévenir cette désinsertion, car dans la moitié des cas, le salarié arrêté plus de six mois ne retrouve pas de travail », poursuit le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. D'autant que ces arrêts longs sont ceux qui coûtent cher : les arrêts de plus de 30 jours représentent 82 % des journées indemnisées (et ceux de plus de six mois, 45 %).
Le jour de carence, fausse bonne idée ?
La coordination accrue entre prescripteur, praticien-conseil et médecin du travail est plébiscitée, d'autant que la mission place le médecin traitant au cœur de ce trio solidaire. « Récemment, j'ai dû arrêter une salariée – poussée à la démission – pour dépression. Pendant 18 mois d'arrêt, elle n'a jamais été contactée par son entreprise. Et de mon côté, je ne pense pas forcément à joindre le médecin du travail… », souligne le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. En revanche, ce temps d'échange doit être « valorisé comme un vrai temps de travail médical », prévient la CSMF.
Pour améliorer les pratiques, l'accompagnement des médecins est prioritaire, rappelle le SML. « Il faut leur donner tous les outils utiles, des référentiels médicalisés aux formations dans le cadre du DPC indemnisé », résume la centrale polycatégorielle. Ce sont justement des propositions retenues par la mission, tout comme le recours aux fiches repères. Les médecins apprécient que la CNAM soit invitée à balayer devant sa porte en modifiant les formulaires d'avis d'arrêt de travail, ainsi que « les interfaces du service de télétransmission ».
Quelques ombres au tableau sont pointées. La piste du jour de carence obligatoire pour tous – non couvert par les accords de branche ou d'entreprise – serait « une fausse bonne idée » pour MG France. « Cela pénalisera les plus bas salaires. Un jour de salaire en moins quand on est peu payé, cela compte », fait valoir le Dr Battistoni. Le Dr Hamon (FMF) fait valoir que le rapport s'interroge peu sur les conditions de travail et « la pression mise sur les salariés».
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