Entre blouses blanches et cols blancs, pas facile la cohabitation à l’hôpital actuellement. Les premières se plaignent d’un système suradministré avec des directeurs aux pouvoirs tentaculaires. Les seconds, sous pression, imposent une logique budgétaire plus forte que jamais à un secteur qui accuse, bon an mal an, un déficit de plusieurs centaines de millions d'euros. Comme nous l’explique le Pr Garabédian, patron de la « super CME » de l’AP-HP, entre garants de la qualité des soins et tenants de l’équilibre financier, le conflit était inévitable. Mais c'est le pot de terre contre le pot de fer. En une décennie, la donne a en effet changé avec l’arrivée de la T2A et le renforcement des prérogatives des administratifs. La faute à qui ? À la réforme HPST de Roselyne Bachelot, disent les syndicats de PH, qui a transformé les managers hospitaliers en chefs d’entreprise aux attributions étendues.
Dix ans plus tard, la crise du corps médical hospitalier n’a jamais paru aussi profonde. Le poids des risques psycho-sociaux dans cette catégorie de personnel en est l'un des symptômes. Mais le ras-le-bol atteint désormais une grande partie des PH. Ressentiment anti-administratif qui s’est manifesté dans les contributions que « Le Quotidien » a reçues de ses lecteurs à l’occasion du grand débat national et qui s’invite, en creux, dans les négociations en cours sur la réforme du statut de PH. Pas le choix. Avenue de Ségur, on temporise ; le plan Ma santé 2022 affichant sa volonté de redonner des gages aux médecins hospitaliers et ses lettres de noblesse à la gouvernance médicale. La relance des services et le renforcement des CME rééquilibreront-ils la balance face aux directeurs ? On attend la concrétisation de ces promesses. Mais il faut faire vite. Car, alors que s'ouvre demain le grand rendez-vous hospitalier de la Paris Healthcare Week, le torchon brûle au sein du couple médecin-directeur.
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