C’est la goutte d’eau pour la CGT et Force Ouvrière. Lundi, les deux syndicats ont déposé un préavis de grève d'un mois (jusqu'au 29 septembre) à l'hôpital psychiatrique de Cadillac (Gironde) pour dénoncer la fermeture de lits dans l'unité pour malades difficiles (UMD).
Au total, 19 lits dédiés aux patients psychiatriques, potentiellement dangereux (sur les 90 que compte cette UMD) doivent être fermés d'ici à fin septembre. « Une réduction capacitaire temporaire », nuance Bénédicte Motte, directrice départementale au sein de l'ARS Nouvelle-Aquitaine.
Selon elle, 12 patients sont concernés par ce changement de bâtiment au sein de l'UMD de Cadillac, explique-t-elle, promettant une réouverture « le plus vite possible », sans préciser de délai. « C'est un sujet de recrutement médical. Dès qu'on arrivera à avoir des recrutements pérennes (...), on le fera », assure Bénédicte Motte. Et d’assurer qu’il y aurait « un consensus au niveau de la communauté de Cadillac » pour réduire temporairement la capacité de l'UMD, avec « à l'esprit la qualité et la sécurité de la prise en charge ».
« Une quarantaine de postes d’infirmiers non pourvus »
De son côté, le collectif de soignants « UMD de Cadillac en danger » estime que 16 postes de médecins sur 60 et 25 postes d'infirmiers sur 500 sont actuellement non pourvus – hors arrêts maladie. Des chiffres même en dessous de la réalité, selon Jocelyne Goût, secrétaire de section CGT. Contactée par « Le Quotidien », l’infirmière de Cadillac estime que les 25 postes d’infirmiers non pourvus « n’intègrent pas les postes qui ont disparu lors de la fermeture de l’unité Raynier ». Ce qui signifie qu’il y a « probablement une quarantaine de postes d’infirmiers non pourvus ». Dans ce contexte, elle « demande un moratoire, un arrêt des fermetures, le temps de faire une analyse et d'éviter que les gens qui arrivent aient tout de suite envie de repartir ».
Autrefois « attractif », l’établissement serait confronté à une vague de départs sans précédent, d’après l’infirmière qui dénonce le malaise croissant des médecins. « Ils sont constamment dans l’urgence. Ils sont tellement peu nombreux qu’ils n’ont même plus le temps d’échanger, de coordonner les actions », observe Jocelyne Goût, évoquant également le cas d’une chef de pôle, récemment partie. « Elle a fait son internat à l’hôpital et exerçait ici depuis 25 ans. Mais elle a décidé de partir car elle se sentait maltraitée par la direction ».
L’hôpital « en train de disparaître »
La direction met en avant depuis des années un « nouveau projet médico-soignant censé tout résoudre », explique Jocelyne Goût. Mais ce projet est « creux et vide. La situation ne s’est pas arrangée et les médecins et les soignants continuent de partir », déplore l’infirmière, persuadée que l’hôpital est « petit à petit en train de disparaître ».
Le Dr Jean-Pierre Salvarelli, vice-président du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH), considère de son côté que la situation à Cadillac symbolise « les grandes difficultés » de la psychiatrie en France. Les fermetures de lits, « c'est extrêmement banal partout », par manque de personnel, mais « c'est la première fois que ça touche une UMD », pointe le médecin, pour qui la mesure annoncée à Cadillac « impacte la capacité d'accueil des patients difficiles au niveau national ».
Selon le SPH, la psychiatrie publique suit près de 2,4 millions de personnes en 2023 (contre un million en 1999), mais avec moins de psychiatres : 35 % des postes de PH sont vacants dans cette spécialité.
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