Excédés par la « tension » récurrente dans une grande partie des services d'urgences français, le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (SNPHARe) et SAMU-Urgences de France (SUDF) ont rendu public ce mercredi 17 avril les résultats d'une enquête nationale sur les conditions de travail (ressenties) des médecins urgentistes à l'hôpital public. Lancée en janvier 2019, elle compile les réponses de 1 092 praticiens à 77 questions portant aussi bien sur l'organisation que l'activité ou les conditions de travail dans leur service.
Ainsi, les deux organisations font le constat du sous-dimensionnement des équipes. Dans 85 % des cas, les médecins interrogés déclarent une équipe incomplète. Une situation qui conduit au non-respect du temps de travail des médecins − 83 % assurent travailler au-delà des 48 heures hebdomadaires fixées par la réglementation européenne − et au recours important à l'intérim médical − 62 % des médecins en témoignent. À noter que dans les SAMU-Centres 15 aussi la pénurie se fait sentir. Dans 50 % des cas, il n'y a qu'un seul médecin régulateur par nuit, ce qui est insuffisant pour 65 % des interrogés.
En conséquence de quoi la surcharge de travail est mal vécue par les praticiens. « Deux tiers des médecins assurent plus de six gardes par mois et 46 % des urgentistes travaillent trois jours de week-end par mois, voire quatre dans 31 % des cas », peut-on lire.
C'est principalement le manque de lits d'aval qui est accusé d'emboliser les urgences. « Chaque matin en arrivant aux urgences, six praticiens sur dix constatent entre 5 et 20 patients en attente sur un brancard », écrit l'étude qui pointe aussi le fait que deux tiers des sondés se disent confrontés quotidiennement à la recherche de lits d'aval.
À Lens, « les urgences, c'est le Titanic »
SUDF et le SNPHARe dénoncent « une situation explosive » déjà vécue de plein fouet par l'hôpital de Lens. Les urgences de l'établissement du Pas-de-Calais devraient en effet connaître d'ici à l'été une vague de démissions parmi la communauté médicale. « La moitié des 17 urgentistes, dont plusieurs piliers du service, en burn-out, ont annoncé leur départ au cours de l'hiver, sans même se concerter », témoigne à l'AFP le secrétaire adjoint Force Ouvrière de l'établissement.
Et pour cause, les urgences de Lens présentent plusieurs des symptômes pointés par l'étude. À commencer par le sous-effectif : « Cinquante patients pour trois médecins », témoigne un aide-soignant. « Il n'est pas normal qu'en fin de garde, des collègues partent en larmes ! Que chaque nuit, dix ou vingt personnes, âgées et malades, dorment dans un couloir et restent 48 heures ! », abonde un urgentiste démissionnaire après de nombreuses années de service.
Car le manque de solutions d'aval aussi est flagrant à Lens, « notamment depuis son regroupement avec trois autres établissements au sein du GHT de l'Artois », écrit l'AFP. En raison du virage ambulatoire, « l'hôpital, qui comptait autrefois 1 000 lits, s'est réduit à 700 et table maintenant sur 571 ».
« Un tiers des adultes nécessitent une hospitalisation alors que le nombre de lits diminue constamment dans les services. Résultat : les patients stagnent aux urgences et elles explosent », résume le syndicaliste. Et de conclure : « Aux urgences, c'est le Titanic : on voit l'iceberg et on saute tous à l'eau ! »
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