Depuis quelques années, les rapports se succèdent (Véran, Toupillier, Couty) suggérant des pistes pour rendre plus attractifs les hôpitaux publics (CH et CHU). La dernière mission en date a été confiée à un ancien sénateur socialiste Jacky Le Menn (74 ans).
Les intersyndicats nationaux des internes et des chefs de clinique (ISNI et ISNCCA) apportent leur pierre à l’édifice en publiant une plateforme commune de 15 propositions que « le Quotidien » présente en exclusivité. « Il n’y a pas de fatalité sur ce sujet, il faut faire le pari de la jeunesse, clame le Dr Jean-Christophe Faivre, chef de clinique et ancien président de l’ISNI. Aujourd’hui on n’intègre pas assez les jeunes médecins dans les hôpitaux publics. Ils doivent montrer patte blanche, franchir tous les échelons, c’est un parcours du combattant. »
L’ISNI et l’ISNCCA veulent rendre les débuts de carrière plus attrayants en rénovant les statuts des médecins hospitaliers, en faisant évoluer la période probatoire en cas d’accès à un poste et en supprimant les contrats "bâtards" de praticien hospitalier contractuel. « L’idée de la progression de carrière à l’ancienneté a vécu », commente le Dr Faivre. Les responsabilités des médecins prises au sein de l’hôpital (enseignement, recherche, gestion, management...) doivent être reconnues et l’exercice mixte (public-privé), très prisé des jeunes, doit être favorisé. Surtout, les premiers échelons salariaux gagneraient à être revalorisés. Au premier échelon et à temps plein, un praticien attaché gagne 2 064 euros net par mois, un praticien contractuel 3 360 euros et un PH sans activité libérale 3 815 euros. Afin de booster la progression salariale, la rémunération devrait comporter une part variable d’intéressement individuel mais aussi – et c’est nouveau –collectif pour l’ensemble de l’équipe soignante.
La prime à la qualité de vie
Au-delà de la rémunération, internes et chefs plaident pour un allégement de la charge administrative afin de regagner du temps médical. « On ne fait pas bac+10 ou 11 pour faire du secrétariat », analyse le Dr Faivre. Les conditions d’exercice devraient être aménagées pour permettre de prendre en compte les aspirations de la jeune génération à une meilleure qualité de vie en offrant un accès à une crèche aux jeunes parents, ou en facilitant un aménagement du temps de travail. L’environnement de travail est également un enjeu majeur (chambres de garde, parking, restauration, bureautique efficiente, secrétariat et assistants opérationnels...). De même, la charge de travail doit être mieux répartie. « Certaines activités de soins peu valorisées reposent trop souvent, trop longtemps, sur les jeunes médecins », déplorent internes et chefs.
Les jeunes souhaitent que l’activité médicale programmée de haut niveau soit davantage développée dans les hôpitaux et non plus abandonnée au privé. Ils veulent surtout ne plus vivre des années de galère dans l’attente qu’un poste se libère. La création d’un panel de postes de PH pourrait permettre de faire la jointure entre les départs et les recrutements et de conserver les jeunes talents.
Afin de rivaliser avec les cliniques, l’ISNI et lSNCCA encouragent les établissements publics à communiquer davantage.« L’hôpital public doit mieux se vendre ; les cliniques savent très bien le faire », conclut le Dr Faivre.
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non