La fédération santé de Force ouvrière est reçue ce jeudi par le cabinet de Marisol Touraine, au ministère de la Santé. Elle tire la sonnette d’alarme sur les conditions de travail dégradées au sein des CHU.
La situation financière (dette, déficits) se traduit sur le terrain par « des conséquences très concrètes », observe Didier Bernus, délégué national. Les remplacements, faute de budget, ne sont pas systématiques, et les rappels durant le temps de congé se multiplient.
À l’AP-HM (Marseille), les heures supplémentaires accumulées par le personnel non médical durant les six premiers mois de l’année représentent 300 postes équivalents temps plein. L’hôpital d’Arras (un CH non universitaire) a lui accumulé 230 000 heures supplémentaires en 2013.
La bombe à retardement des CET
Trop sollicités, les agents peinent à poser leurs congés. Au CHU de Clermont-Ferrand, près de 90 000 jours étaient stockés sur les comptes épargne temps l’an dernier. FO Santé reproche aux autorités sanitaires leur manque de transparence sur la « bombe à retardement » des CET. « Le dernier bilan remonte à Xavier Bertrand. Depuis, nous ne disposons plus d’aucun chiffre national », déplore Didier Bernus.
Les « auto remplacements » conduisent à l’épuisement et à des arrêts maladie. Au CHU de Clermont-Ferrand, l’absentéisme a représenté l’équivalent de 450 postes l’an dernier (sur un total de 4 800 postes non médicaux).
FO Santé critique vivement l’organisation en 12 heures, que réclament certaines jeunes aides soignantes et infirmières. Surcroît de fatigue, baisse de la qualité des soins, hausse des dépenses : la fédération syndicale dénonce un « piège », une « mécanique infernale » qui ne se traduirait par aucune économie en raison des heures supplémentaires et du coût de l’intérim pour remplacer ceux qui tombent en arrêt maladie.
La conscience professionnelle mise à rude épreuve
Aux horaires élastiques, s’ajoute le temps perdu à courir après le petit matériel. « À Fort-de-France, il nous arrive d’acheter des produits ménagers pour nettoyer l’hôpital sur notre propre argent », relate le délégué du CHU martiniquais, Jean-Pierre Jean-Louis. À Strasbourg, les ASH demandent des balais neufs et le remplacement de chariots hors d’âge.
« On ne peut pas continuer à faire tourner les hôpitaux uniquement sur la conscience professionnelle des salariés », résume Didier Bernus.
FO santé revendique l’arrêt des suppressions de postes, l’octroi de crédits fléchés pour les remplacements, et le respect des textes régissant le temps de travail des soignants.
En octobre 2013, à l’occasion d’une précédente réunion des délégués hospitaliers à Paris, FO santé avait déjà été reçue par le cabinet de la ministre de la Santé. Didier Bernus déclarait alors : « Nous n’hésiterons pas à construire un rapport de force pour nous faire entendre. La situation devient intenable ».
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