4 NOVEMBRE...2002 : les chirurgiens entament un mouvement de grève dans les cliniques pour demander une revalorisation de leurs honoraires. La fracture est totale entre les chirurgiens et les syndicats polycatégoriels. La coordination nationale des médecins exerçant en cliniques (CNMC) et son porte-parole, le Dr Philippe Cuq, peinent à résoudre le casse-tête de la responsabilité civile professionnelle (RCP) dont les primes explosent. Deux ans plus tard, ce conflit d’assurance conjugué à la judiciarisation de la profession, et au gel des honoraires, entraînent l’un des plus importants mouvements de contestation de la spécialité. « Par qui serons-nous opérés demain ? », s’interrogent les chirurgiens, en avril 2004, inquiets de la désaffection de leur discipline par les étudiants. Un Conseil national de la chirurgie est créé en juin pour tenter d’apporter des solutions. Mais la crise est trop forte.
L’accord de 2004, épine durable
Un collectif de chirurgiens veut frapper l’opinion et prévoit une opération spectaculaire et symbolique de départ massif vers l’Angleterre. Mais une semaine avant cet exil, et au terme de deux mois de négociations, les représentants des chirurgiens, la CNAM et l’État concluent le 24 août 2004 un accord en neuf engagements. Ce texte signé par 4 syndicats de médecins libéraux (CSMF, SML, FMF et Alliance) prévoit notamment d’augmenter les effectifs des internes, réduire les écarts tarifaires entre les secteurs I et II, rémunérer les astreintes par un forfait de 150 euros, revaloriser en deux temps les actes chirurgicaux de 25 %, mais aussi renforcer l’aide à la souscription d’une assurance pour les chirurgiens et stabiliser les primes de RCP. Un des points clés (mais ambigu) de cet accord reste lettre morte : il s’agit de redonner un choix de secteur d’exercice aux anciens chefs de clinique « piégés » en secteur I. Une problématique qui a d’ailleurs resurgi dans l’interminable négociation de l’avenant 8 (1).
Huit mois après la signature des accords chirurgicaux d’août 2004, rebelote. Les chirurgiens estiment que la revalorisation tarifaire est insuffisante. Arrêt des blocs. L’opération « Deuxième manche » prévoit le départ de 800 praticiens le 10 mai 2005 à destination de Camber Sands, dans le Sussex. Mais le mouvement est un semi-échec. Seuls 300 chirurgiens traversent le Channel.
Épisodiquement, les spécialistes des plateaux techniques lourds administrent une piqûre de rappel. En juillet 2006, chirurgiens, anesthésistes et obstétriciens libéraux entrent en grève illimitée pour « stopper la hausse de leurs primes d’assurance et demander une revalorisation tarifaire ».
Nouvelle semaine de grève en octobre 2008 à l’appel de l’Union des chirurgiens de France (UCDF) qui s’oppose au projet de secteur optionnel et réclame un meilleur remboursement des actes pour le « maintien d’une chirurgie de qualité ». Jusqu’à ce 12 novembre. Les années passent ; les revendications demeurent.
(1) Après une négociation ardue, l’avenant 8 ouvre aux anciens ACCA la possibilité d’accéder au nouveau contrat d’accès aux soins si un tiers des praticiens de secteur II ont souscrit à ce nouveau secteur d’exercice d’ici au 30 juin 2013.
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