À 33 ans, le Dr Thibaut Jacques avait une carrière toute tracée de PU-PH. Il y a pourtant renoncé. Depuis le 1er novembre, il a démissionné de son poste de MCU-PH (maître de conférences des universités - praticien hospitalier) au CHU de Lille.
Comment ce jeune radiologue passionné, motivé et investi en est-il arrivé là ? Il s’en est expliqué longuement dans un texte publié sur les réseaux sociaux et que le « Quotidien » reproduit (voir ci-dessous).
Dans son témoignage, le médecin décrit un système hospitalo-universitaire à bout de souffle qui ne tient que par le surinvestissement et les sacrifices de praticiens confrontés aux difficultés de mener de front leur triple mission de soignant, d’enseignant et de chercheur.
Une véritable gageure alors que les conditions de travail à l’hôpital se dégradent depuis des années, dit-il. « En parallèle de la crise de l’hôpital, qui touche tous les personnels, nous subissons aussi la dégradation dans l’enseignement et la recherche », ajoute le Dr Jacques. « Plus on avance, plus on se rend compte qu’on a de moins en moins de temps à consacrer aux soins, à l’enseignement, à notre cœur de métier ! », explique le jeune homme qui évoque les lourdeurs administratives et le manque de moyens.
Sacrifier sa vie personnelle
Pour compenser et maintenir le système à flot, il faut dépenser une énergie folle, sacrifier ses soirées, ses nuits et ses week-ends, au prix de sa vie personnelle. Parfois jusqu’à l’épuisement et le burn-out. « À un moment, on se demande pourquoi on continue à faire ça. À quel moment cet altruisme qu’on peut avoir pour la société devient un égoïsme par rapport à sa propre famille ? », s’interroge ce père de trois enfants.
Le médecin n’est pas le seul à faire ce constat. « Beaucoup de jeunes m’ont appelé ou m’ont envoyé des messages pour me dire : “C’est pareil pour moi”, “Je suis à bout”, “Je me suis séparé de ma compagne”… » Le problème, explique le radiologue, c’est que les médecins qui optent sur cette voie hospitalo-universitaire sont devenus une denrée rare et que la situation actuelle n’encourage pas les candidats à s’engager sur cette voie.
Comment inverser la tendance ? « Le Ségur a été une petite avancée, mais c’est insuffisant. Si on ne prend pas des mesures là, aujourd’hui, c’est dans 5 ans qu’on aura des départs massifs », s’inquiète le Dr Jacques qui voit venir la « fin du système hospitalo-universitaire ».
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne