Le gouvernement italien a présenté un nouveau train d’économies massives pour le service public de santé. Des milliers de lits et de services hospitaliers seront fermés. Les médecins protestent.
« C’est une attaque contre le droit à la santé », s’emporte Massimo Cozza, secrétaire national du syndicat de médecins Fp Cgil Medici. L’objet du courroux de ce syndicaliste ? Les nouvelles coupes réclamées par le ministre de l’Economie Vittorio Grilli, dans le cadre du plan de réduction des dépenses publiques du gouvernement Monti (économies qui frappent de plein fouet le secteur de la santé). « Nous sommes considérés depuis toujours comme le distributeur de billets de l’État italien. Dès qu’il a besoin d’argent, il puise dans les caisses de la santé », tonne le cardiologue Giovanni Tuccarione, membre de Fp Cgil Medici.
Des petits hôpitaux rayés de la carte ou reconvertis
La feuille de route de réduction des dépenses prévoit le démantèlement de 7 389 lits dans le secteur hospitalier d’ici à la fin de l’année. La fermeture de quelque 160 petits hôpitaux avec moins de 120 lits et de blocs opérant au compte-gouttes est programmée. Autre décision : la remise à plat des conventions signées entre les établissements privés et les régions. Les centres de Sécurité sociale régionale devraient pour leur part être touchés par des mesures de chômage technique.
Cette nouvelle cure d’austérité passe mal dans la profession. « Notre objectif est de rationaliser le système », s’est justifié, droit dans ses bottes, le ministre de la Santé Renato Balduzzi. Une phrase inopportune pour les médecins comme les syndicalistes. « Le système de loterie du gouvernement qui prévoit des coupes plus ou moins importantes selon les régions pénalise tout le monde, les médecins et les citoyens », juge Massimo Cozza.
Technocrates à pied d’œuvre
Les nouveaux paramètres établis par le ministère de la Santé fixent un plafond à 3,7 lits pour 1 000 habitants. Surtout, les technocrates du gouvernement sont à pied d’œuvre pour restructurer à grande échelle au sein des établissements : des données encore partielles évoquent la fermeture de 1 100 à 1 200 services. Par ailleurs, 50 % des hôpitaux ayant un nombre de lits inférieurs à 120 seront reconvertis.
Quant aux structures privées conventionnées, celles ayant moins de 80 lits devront carrément fermer boutique ou se débrouiller puisqu’elles n’auront plus accès au système de convention. Selon certains experts, 257 structures privées sur 406 sont concernées.
Trois régions seront particulièrement touchées par ces coupes sombres, à savoir la Lombardie, l’Emilie-Romagne et le Latium qui devront « démonter » chacune 2 000 lits. « Pour tenir le plafond de 3,7 lits pour 1 000 habitants, il suffirait de retirer 700 à 800 lits et non pas 2 000 », proteste Massimo Magnanti, leader du syndicat de médecins des Urgences Spes. Le son de cloche est identique dans le privé. « Si le gouvernement continue à tailler dans le vif dans notre secteur, nous allons couler », analyse Maurizio Pigozzi, président de la complémentaire privée Confsalute-Confcommercio.
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