Les équipes de secours et d’intervention dépêchées à Cayenne la semaine dernière dans le cadre de l’exercice de médecine de catastrophe « MORPHO », sont rentrées hier matin sur le sol parisien par deux vols différents. La soixantaine de personnes qui ont participé à cette simulation réalisée en temps réel du 24 au 31 mai est exténuée. Il faut dire que les journées ont été denses depuis le début de l'opération.
Rappel des épisodes précédents. Le 24 mai à 18 heures, heure française, l’Agence régionale de santé de Guyane prévient Paris qu’une panne informatique a frappé deux hôpitaux du territoire : le centre hospitalier de Cayenne et celui de Kourou. Dans les services de réa, la panne a provoqué l’arrêt des moniteurs de surveillance et le standard est HS. Les deux établissements n’ont aucune idée de l’origine de cette panne informatique…
Test grandeur nature sur huit jours et en temps réel
Le but de ce scénario catastrophe qui entre dans le cadre de l’exercice annuel du Samu de Paris et du Samu zonal d’Île-de-France ? Tester en grandeur réelle un dispositif public et privé de prise en charge et de transport de victimes en grand nombre incluant la mobilisation d’équipes médicales Samu/Smur au niveau national, la mise en place d’une Unité d’hospitalisation, de transit et d’évacuation (UHTE) ainsi que la réalisation d’une évacuation massive de victimes dans un état et grave ou non, par un vecteur aérien civil vers la Martinique, la Guadeloupe et la métropole.
Premier bilan à chaud ? « Nous avons démontré qu’il était possible de réaliser ce type d’exercice, ce qui est déjà en soi quelque chose de positif. En cas d’accident réel, nous sommes en mesure d’effectuer une projection rapide, de la métropole vers un territoire d’outre-mer. Nous pouvons réaliser l’évacuation sanitaire de nombreux patients avec la mise en place de stratégies combinées. Avec des évacuations perlées au fil de l’eau via les avions militaires de type Casa, comme nous l’avons fait avec les ponts aériens entre les Antilles et la Guyane, ou avec des gros-porteurs reliant Cayenne à Paris. Cela a aussi permis de mettre en place des faisceaux de communication peu habituels entre institutions et de mieux nous connaître, ce qui est également extrêmement important », se réjouit l’un des coordonnateurs de l’opération, l’urgentiste Lionel Lamhaut, au sortir de l’avion qui l’a ramené à Paris.
Et maintenant ? L’étape suivante va consister aux fameux « retex » (retours d’expérience). « Nous avons déjà demandé aux gens, une fois en Martinique et l’exercice terminé, de noter tous leurs commentaires, ce qu’ils avaient retenu, ce qui, pour eux, avait fonctionné ou moins bien marché, pendant que tout était frais dans leur tête. Nous ferons un autre tour de table bientôt et procéderons à une restitution », explique le Pr Lamhaut, qui pour l'heure n'a qu'une envie. Aller dormir.
Lire les épisodes précédents
[Cyberattaque et exercice de simulation] Deux hôpitaux de Guyane ciblés (2)
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