Choquante, déplacée, licencieuse, apologie du viol... Les qualificatifs n’ont pas manqué ces derniers jours pour dénoncer une fresque dessinée sur un mur de la salle de garde du CHU de Clermont-Ferrand, un dessin détourné pour critiquer le projet de loi de santé, et où l’on voit Wonder Woman subir les assauts sexuels de quatre superhéros. Des bulles (ajoutées récemment) mentionnent l’opposition des médecins au projet de Marisol Touraine : « Tiens la loi santé!!! », « Tu devrais t’informer un peu! », « Prends-la bien profond!! ».
Les chirurgiens du BLOC prennent aujourd’hui part au débat, avec une pointe d’humour... carabin. Une manière également de tourner en dérision les discours moralisateurs de ceux qui s’offusquent de l’existence de ces fresques dans les salles de garde, réservées au personnel médical.
Dans un communiqué, le syndicat précise très solennellement qu’aucun praticien du bloc opératoire n’a collaboré à la conception de cette fresque polémique, preuve à l’appui : « En effet on peut y voir la main de la femme située à droite de l’image pénétrer par voie vaginale la femme couchée au centre. Or cette main, visible par transparence, prend une direction oblique en bas et en dehors et se situe de ce fait approximativement au niveau de l’insertion trochantérienne du muscle psoas-illiaque ce qui est anatomiquement impossible. Aucun praticien du bloc opératoire n’aurait pu commettre cette erreur topographique qui relèverait d’une faute professionnelle grave. »
Le monde médical divisé
Au passage, LE BLOC ironise sur le projet du gouvernement, en proposant que « dans la future loi de santé les missions de service public ne soient accordées qu’aux établissements pouvant prouver qu’au cours des cinq dernières années aucun de leurs murs n’a été entaché d’images de stupre », et décoche une flèche aux politiques qui se sont offusqués de l’existence d’images pornographiques dans les salles de garde. Le syndicat « invite tous les responsables politiques et associatifs à se faire soigner dans les établissements privés, car leur seule présence dans les hôpitaux publics serait une caution inadmissible apportée à ces fresques carabines machistes ou homophobes qui dégradent l’image de la femme et déshonorent la médecine française ».
Reste qu’une partie de la communauté médicale a profité de ce débat pour remettre en question l’état d’esprit qui règne dans les salles de garde. Plusieurs médecins ont ainsi publié une tribune commune dans « Libération » pour dénoncer un « machisme rétrograde exprimé non seulement par l’art pictural des salles de garde mais aussi par des propos souvent sexistes ».
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