L’EMBELLIE fut de courte durée. Résorbé de moitié entre 2007 et 2010, le déficit structurel du CHA plonge de nouveau, pour atteindre 14,5 millions d’euros en 2011. Le déficit cumulé, lui, s’établit à 74 millions d’euros - soit 77 % du budget annuel, hors aides.
En juin dernier, la trésorerie était à sec. Plus un centime pour payer les fournisseurs, et pas une banque pour prêter un euro. L’État a débloqué 10 millions en urgence. Une rustine de plus, qui ne masque pas l’ampleur abyssale de la dette, composée à 68 % d’emprunts structurés - donc à risque. Priorité aux salaires : l’établissement doit 34 millions d’euros à l’État (fisc, CNRACL et URSSAF réunis). Les interruptions de livraison de médicaments sont fréquentes, seul moyen, pour les fournisseurs, d’obtenir un chèque.
Sous perfusion, le centre hospitalier d’Ajaccio survit. Un avenir est-il possible ? « On ne demande pas l’aumône, mais il faut que l’État agisse. Sinon, comment allons-nous entrer dans le nouvel hôpital, si on y entre ? », grince Rémy Bizzari, du Syndicat des travailleurs corses. Le syndicaliste cite ses priorités : amélioration du coefficient géographique, renégociation des emprunts toxiques. Pour ne pas plomber le nouvel hôpital, peut-être faudrait-il créer une entité juridique neuve. Et en passer par un dépôt de bilan. Mais quel gouvernement endossera une telle responsabilité ?
Le trio d’administrateurs provisoires veut croire au possible redressement des finances. Leur credo : tenir jusqu’en 2017, puis ouvrir le nouvel hôpital. La construction est estimée à 150 millions d’euros - dont 135 millions promis par Xavier Bertrand. Dominique Acker s’est rendue au ministère de la Santé la semaine dernière pour s’assurer que l’État tiendra sa parole. Marisol Touraine a confirmé le montant, quand bien même la crise a torpillé le plan Hôpital 2012. La Corse vaut bien une exception. « La France n’a pas le choix. Aujourd’hui, l’hôpital d’Ajaccio lui coûte trois fois ce qu’il devrait », observe Muriel Buisson (CGT).
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