À pas de loup, méthodiquement, l’ancien sénateur socialiste Jacky Le Menn progresse dans sa mission sur la restauration de l’attractivité des carrières médicales à l’hôpital, confiée en décembre par Marisol Touraine.
Diversification des modes d’exercice, organisation en équipe, dynamisation et gestion des carrières, amélioration des conditions de travail, pénibilité… Pour redorer le blason du secteur hospitalier public et surtout fidéliser les médecins, l’ancien sénateur socialiste doit embrasser tous les sujets.
Jeudi dernier, après une série d’auditions et de tables rondes, l’ultime round de la concertation s’est ouvert sur le dossier du temps de travail. Les représentants des praticiens hospitaliers (PH), institutionnels et directeurs d’hôpitaux sont conviés. Un second groupe prendra le relais à la fin du mois pour plancher sur les régimes indemnitaires des PH. La mission Le Menn doit rendre ses préconisations en mai mais un document d’étape, que s’est procuré le « Quotidien », pose des jalons.
Nouveau découpage horaire en cinq quartiers
Sur le temps de travail des PH, la mission suggère de recycler une proposition du rapport Toupillier sur l’exercice médical à l’hôpital (2011) en troquant le décompte en demi-journées, souple mais jugé opaque, par un possible découpage de 24 heures en cinq quartiers : quatre de cinq heures et un de quatre heures (de 18 h 30 à 22 h 30). La pertinence de certaines lignes de gardes et astreintes pourrait à ce titre être réévaluée. Le management médical serait « renforcé » pour garantir l’effectivité et la fiabilité du décompte du temps de travail des PH.
Afin de favoriser « une plus grande modularité de la carrière », la reconnaissance des valences d’enseignement et de recherche par un contrat entre l’université et le praticien peut être « envisag[ée] ».
Soucieuse d’attirer les nouvelles générations, la mission conseille aussi « d’engager une réflexion sur les obligations de service » pour les adapter aux aspirations des jeunes praticiens.
Booster la prime multisite
Le deuxième chantier porte sur les régimes indemnitaires. « Il apparaît essentiel de reconnaître plus finement les engagements multiples des praticiens, y compris ceux qui ne relèvent pas directement d’un travail de soins [responsabilités managériales...]», lit-on dans le document. La mission suggère une « remise à plat » complètedes indemnités et primes des médecins hospitaliers, qui représentent 30 % des émoluments de base moyens (soit 20 000 euros par an pour les PH temps plein dans les CH et 15 000 euros dans les CHU). Cette part de rémunération varie de un à dix d’une spécialité à l’autre.
Pour dynamiser la pratique médicale, la mission préconise d’« encourager l’exercice multisites » – la prime est versée à partir de deux demi-journées hors établissement de référence – dans le cadre d’équipes médicales de territoire. Autre piste : une « évolution fondée sur la notion d’équipe » de la part complémentaire variable, accordée aux PH qui s’engagent à améliorer leur pratique dans un contrat sur objectifs, pourrait séduire les jeunes dans les spécialités qui font défaut à l’hôpital.
Afin de « limiter les effets de seuils observés aujourd’hui », la refonte de l’indemnisation des gardes et astreintes doit être poursuivie « dans un esprit d’équité de traitement entre les praticiens ».
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non