DEPUIS QUELQUES ANNÉES, le monde hospitalier en général, et la pédiatrie en particulier, est confronté à de profondes mutations. Le plus souvent pour des raisons économiques et une volonté de mutualiser les moyens au niveau médical, administratif et humain, les hôpitaux se sont en effet engagés dans un vaste mouvement de regroupements. Au sein de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ce mouvement a été particulièrement marqué avec, dans le cadre du plan stratégique (2010-2014), la constitution de grands groupes hospitaliers (GH) dans lesquels des services de pédiatrie ont parfois été associés à des services adultes.
Quelle doit être la place de la pédiatrie universitaire au sein de cette importante mutation ? Ne risque-t-elle pas d’y perdre une partie de sa spécificité ? « Je ne suis pas certain qu’il y ait une spécificité hospitalo-universitaire dans le cadre des restructurations qui se produisent actuellement dans le monde hospitalier. En fait, c’est toute la pédiatrie hospitalière qui est concernée. Ce mouvement touche aussi bien des CHU que des centres hospitaliers généraux (CHG) dans certaines villes de province », explique le Pr Guy Leverger. « On assiste en fait à deux types d’évolution. Dans un certain nombre d’endroits, on a créé des hôpitaux ou des structures mères-enfants. Ailleurs, le choix a plutôt été fait d’associer la pédiatrie à des structures pour adultes, en particulier au niveau des urgences », poursuit le Pr Leverger, qui est bien placé pour observer cette évolution. Ancien secrétaire et trésorier de la Société française de pédiatrie, il est responsable du service d’hématologie-oncologie pédiatrique de l’hôpital Armand Trousseau à Paris. Depuis juillet, il cumule cette fonction avec la direction d’un pôle d’hématologie-oncologie adulte/enfants au sein du groupe HUEP (Hôpitaux Universitaires de l’Est Parisien).
« Au sein d’un même GH, on trouve donc ce pôle, dont j’ai la responsabilité, qui est réparti sur trois sites : Armand Trousseau (hématologie-oncologie pédiatrique), Saint-Antoine (hématologie adulte) et Tenon (oncologie adulte et radiothérapie), détaille le Pr Leverger. Dans ce GH, il y a aussi un pôle périnatal qui associe la néonatologie, la maternité et la réanimation pédiatrique polyvalente. Le reste de la pédiatrie, médicale et chirurgicale, a été regroupé au sein d’un même pôle alors qu’auparavant, il y avait un pôle médical et un pôle chirurgical. Quant aux services de support, d’imagerie nucléaire et de radiologie, ils sont regroupés dans un pôle multisite de radiologie et d’imagerie adultes/enfants ».
Le Pr Leverger reconnaît que la situation est très diverse au sein de l’AP-HP. « Par exemple, Necker et Robert Debré ont une position un peu particulière puisque chacun de ces hôpitaux est un GH alors que les autres hôpitaux sont intégrés dans des GH multi-sites. »
Préserver l’unité.
Ces différents regroupements peuvent-ils être un atout pour la pédiatrie ? A l’inverse, n’existe-il pas un risque que la spécialité perde une part de sa spécificité et de son expertise en se retrouvant associée avec des structures adultes ? « Il est difficile d’avoir une position tranchée sur ce point. Les pédiatres spécialistes doivent se reconnaître à la fois au sein d’une pédiatrie interniste et une pédiatrie au sens large du terme, tout en s’ouvrant au monde adulte », répond le Pr Leverger. « Dans un certain nombre de surspécialités, grâce aux avancées obtenus au niveau de la prise en charge, les enfants vivent davantage jusqu’à l’âge adulte. C’est le cas, par exemple, dans le domaine de la mucoviscidose. Il est donc important que cette transition entre le monde pédiatrique et le monde adulte se passe le mieux possible », poursuit le Pr Leverger, tout en insistant sur la nécessité de préserver l’unité de la pédiatrie. « Cela a vraiment été une priorité quand j’étais, aux côtés du Pr Danièle Sommelet, secrétaire de la Société française de pédiatrie », ajoute-il.
D’après un entretien avec le Pr Guy Leverger, responsable du Groupe hématologie-oncologie adulte/enfants au sein du HUEP (Hôpitaux Universitaires de l’Est Parisien), responsable du service d’hématologie-oncologie pédiatrique de l’hôpital Armand Trousseau à Paris, ancien secrétaire de la Société française de pédiatrie
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