Deux faits divers de nature différente ayant eu lieu ce week-end à l’hôpital, impliquant le port d’armes au sein d’un service de soins palliatifs et devant un pavillon des urgences, relancent la question de la sécurité des patients et des soignants dans les établissements.
Dimanche matin, un octogénaire s’est donné la mort avec une arme à feu dans une chambre de l’hôpital Ambroise-Paré (Assistance publique–Hôpitaux de Paris), à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), après avoir abattu sa femme, 82 ans, hospitalisée pour un cancer incurable. Le personnel soignant a découvert les deux corps inanimés. Contacté par « le Quotidien », l’hôpital n’a pas souhaité s’exprimer.
La même matinée, à l’hôpital Nord de Marseille (Bouches-du-Rhône), un individu cagoulé a fait feu à plusieurs reprises devant le service des urgences, dans la foulée d’une rixe entre deux groupes de jeunes en train de s’affronter sur place, malgré l’intervention des vigiles de l’établissement. Aucun blessé n’est à déclarer. L’enquête pourra s’appuyer sur les enregistrements de vidéosurveillance.
Les praticiens ne veulent pas de dérive sécuritaire
Peut-on endiguer la violence à l’intérieur et aux portes des hôpitaux sans tomber dans le tout sécuritaire ?
Le Dr Nicole Smolski, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, et présidente d’Avenir hospitalier, reconnaît la réalité de la violence ordinaire, révélée par une récente enquête orchestrée par les cinq intersyndicats. « Mais l’hôpital n’est pas une zone de non-droit pour autant, prévient-elle. Il n’est pas question de fliquer les familles par des mesures de sécurité tel un portique à l’entrée de l’établissement. Cela alourdirait la structure et mettrait à mal la confiance entre les patients, leurs familles et les soignants. »
S’il met également en garde contre la « dérive sécuritaire », le Dr Norbert Skurnik, psychiatre à l’hôpital spécialisé Maison Blanche (Paris), et président de la Coordination médicale hospitalière (CMH), n’est pas contre un renfort de la sécurité qui serait assuré par des personnels formés et non des machines, en cas de multiplication des faits de violence. « Le personnel de sécurité des hôpitaux psychiatriques est plus important aujourd’hui qu’avant, ajoute le médecin. C’était une nécessité. Au début, la pilule passait mal, mais aujourd’hui, c’est entré dans les mœurs. »
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