La cour d’appel de Pau a décidé ce jeudi de remettre en liberté l’anesthésiste belge incarcérée après le décès d’une patiente à la maternité d’Orthez fin septembre. Le Dr Helga Wauters reste placée sous contrôle judiciaire. Elle a l’interdiction d’exercer la médecine et l’obligation de résider en France. La cour d’appel l’oblige en outre à verser une caution de 50 000 euros, et à fréquenter un centre de lutte contre l’alcoolisme.
En première instance, la justice avait rejeté cette demande de remise en liberté. Le Dr Wauters avait reconnu avoir bu le 26 septembre durant son temps de travail. Rappelée dans la soirée pour un accouchement difficile, elle avait utilisé un ballon manuel pour ventiler la patiente au lieu du respirateur. Elle avait intubé les voies digestives au lieu des voies respiratoires. La parturiente était décédée quatre jours plus tard.
Pour l’avocat de la famille de la victime, cette remise en liberté est « difficile à accepter ». Fréquenter un centre antialcoolique n’est à ses yeux « pas assez contraignant ». « Le soir, explique Me Philippe Courtois au « Quotidien », elle rentrera à son domicile et pourra continuer à boire. Son souhait a été réexprimé ce matin, elle veut réexercer la médecine. Or son problème d’alcool existe toujours. Une hospitalisation complète aurait pu permettre de contrôler son alcoolisme. »
Pour l’avocat de la famille, le drame aurait pu être évité
La détention provisoire est une mesure tout à fait exceptionnelle pour un médecin. Pour le Dr Wauters, l’incarcération aura duré plus de deux mois (du 3 octobre à ce jour). « Ce n’était pas son premier fait d’alcoolisme, reprend Me Courtois. L’instruction a révélé que ce médecin a été licenciée en Belgique après un problème rencontré lors de la pose d’une péridurale. Le 24 septembre, deux jours avant le drame, le Dr Wauters ne s’est pas présentée pour une intervention médicale à Orthez car elle n’avait pas entendu son portable sonner. Il a fallu ce décès pour mettre le problème des addictions à l’hôpital sur la place publique. Ce drame aurait pourtant pu être évité. »
L’avocat reproche à la clinique d’Orthez de n’avoir pas pris attache avec les précédents employeurs de l’anesthésiste belge avant de la recruter. Il ne comprend pas que l’équipe, la voyant sous l’emprise de l’alcool, n’ait pas réagi. Que pouvaient faire ses collègues ? L’anesthésiste belge était seule le soir de l’accouchement difficile. « Le drame aurait pu être évité, répète Me Courtois. Le Dr Wauters n’a reçu sa lettre de mise à pied pour ne pas s’être présentée le 24 septembre [l’avant-veille de l’accouchement, NDLR] qu’après sa mise en examen. Pourquoi ? »
À l’instruction d’éclaircir les zones d’ombre. Le procureur a saisi 17 dossiers de décès au sein de l’établissement depuis l’arrivée de la médecin belge. Les enquêteurs vont retourner en Belgique pour interroger ses anciens employeurs, puis viendra le moment de la confrontation avec les professionnels présents le jour de l’accouchement. Le procès devrait avoir lieu fin 2015 au tribunal correctionnel d’Orthez.
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