Le journal « Libération » s’est procuré un document établi par le ministère de la Santé qui détaille, sur 69 pages, les mesures à prendre en région afin d’économiser 10 milliards d’euros dans le secteur de la santé d’ici à 2017. Il serait écrit que 860 millions d’euros d’économies doivent être dégagés sur la masse salariale au sein des hôpitaux.
Le document ministériel, rédigé à l’attention des agences régionales de santé (ARS), entrerait dans le détail des mesures à prendre : « Mise à plat des protocoles ARTT, réexamen des avantages extrastatutaires ou non conventionnels, optimisation des dépenses de personnel médical, réduction des coûts liés à l’intérim médical ». Les hôpitaux, poursuit « Libération », devraient être incités à « mettre en place des maquettes organisationnelles par unités en fonction de leur taille et procéder à une harmonisation au sein de l’établissement ».
La CGT appelle à la mobilisation
Marisol Touraine s’était employée à éteindre le feu ces derniers jours, en affirmant que son plan d’économies n’avait pas vocation à « baisser les effectifs hospitaliers ».
Les réactions syndicales ne se sont pas fait attendre ce lundi. La CGT santé rappelle que 860 millions d’euros équivalent à 22 000 emplois, soit 2 % des effectifs de la fonction publique hospitalière. « Il s’agit donc de poursuivre la compression des emplois, des qualifications, des salaires, des moyens dévolus à la formation professionnelle... et de s’attaquer aux droits des salariés de l’hôpital », dénonce la fédération syndicale.
« Les personnels sont épuisés, toujours plus nombreux à exprimer leur colère compte tenu de leurs conditions de travail déplorables et des situations dans lesquelles ils doivent prendre en charge et prodiguer des soins aux malades », ajoute la CGT santé. Elle exige l’effacement des dettes liées aux emprunts toxiques souscrits par les hôpitaux (1 milliard d’euros, auquel s’ajoutent les coûts de sortie, compris entre 2 et 3 milliards d’euros).
Une journée de grève interprofessionnelle est programmée le 9 avril, à l’appel de la CGT, FO et Solidaires, afin de dénoncer la rigueur budgétaire et le pacte de responsabilité du gouvernement.
La députée Michèle Rivasi monte au front
La députée européenne EELV Michèle Rivasi appelle de son côté le gouvernement à « ne pas se tromper de combat ». « Je ne peux que déplorer le triomphe de la logique comptable en matière de santé publique. L’hôpital n’est pas une entreprise marchande et le libéralisme appliqué au domaine de la santé sur la base du seul critère de la quête d’économies et de réduction de la dépense publique ne peut produire que des ravages sanitaires et sociaux comme l’atteste le cas de la Grèce après les cures d’austérité imposées par la Troïka », réagit la députée.
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